vendredi 23 mars 2018

L'écho des savates: touche pas à mon Tillinac !

J’étais loin de me douter, en écrivant mon « feuilleton » du Monde des Livres, consacré à Caractériel, le dernier livre paru de Denis Tillinac, que ma critique – négative, méchante, et moqueuse, mais fondée néanmoins sur des faits réels ayant vraiment existé, comme par exemple le style de l’auteur – en agacerait à ce point certains. Mais surtout je n’avais pas réfléchi à qui seraient ces « certains ».

Bon passe encore que Eric Neuhoff n’ait pas apprécié mon papier. Proche de Tillinac, il a en outre été lui aussi la cible du Monde des Livres, quand Eric Chevillard, qui tenait alors le feuilleton, avait éreinté son roman Mufle. On peut être de droite et rancunier. Mais ce n’est pas que le fait que Neuhoff ait détesté ma critique qui me surprend, mais le fait qu’il fasse de son mécontentement un… article ! Un article sur un article !!! Dans un blog, passe encore, mais dans Le Figaro. A ce rythme, on finira par écrire des articles sur des articles sur des articles sur des articles… Tsss. Bon, Neuhoff se permet par ailleurs une petite remarque sur mon faciès, trouvant que, par ce qu’il est « barbu » et « crâne rasé », le « nommé Claro » ressemble à « ces cuisiniers qui pullulent dans le XXème arrondissement ». Là, j’avoue que je ne suis plus du tout. Neuhoff aurait-il eu une expérience désastreuse dans un restau bobo de Gambetta, à la suite de quoi il m’en voudrait de ressembler au chef qui lui a servi un tournedos trop cuit et des morilles pas fraîches ? Ce cuisinier barbu et rasé était-il au moins français de souche ? Mystère. Ce doit être une nouvelle forme de critique capillaro-littéraire dont j’ignore tout. Un poil déplacé, si je puis dire.

Non, ce qui est intéressant, politiquement parlant, c’est que deux autres « organes » ont également, aussitôt et très violemment, réagi à ma critique. Tout d’abord le site Riposte Laïque, un site d’extrême droite, qui me reproche d’avoir pondu une exécution « en bon toutou macoute » (oh, un jeu de mot rigolo !), d’avoir écrit une « critique agressive des auteurs français », bref, « un « tabassage par haine idéologique ». Puis c’est au tour du quotidien lui aussi d’extrême droite, Présent, qui me traite de « ver de terre » et de « crado », ce qui change un peu, cela dit, du « petit prof » dont m’affuble Neuhoff. (Maintenant, libre à vous d’imaginer un verre de terre chauve brandissant une machette…)

Alors évidemment, je me pose deux questions. La première : Pourquoi le fait de descendre en flèche un livre de Denis Tillinac déclenche-t-il des petits missiles venant à la fois du Figaro et de la presse d’extrême droite ? La seconde : Pourquoi ma première question est-elle purement rhétorique ? Je vais finir par croire que le style est une question politique…


jeudi 22 mars 2018

Tu ne bougeras pas

(Jean Seignemartin - Scène orientale, Odalisque, 1875)
Avec La femme à modeler, court récit d'une quarantaine de pages paru en 2012, Émilie de Turckheim se concentre sur un plaisir immobile, celui éprouvé à poser. Retranscrire son expérience de modèle était risqué: "poser", comme elle le rappelle d'emblée, est ici intransitif, difficile donc de dire ce qui passe, et selon quelles modalités.

C'est un dispositif qui le plus souvent a été décrit du côté du peintre, de l'homme plus précisément, par exemple chez Balzac, Musset, Gautier. Pourtant, c'est le corps féminin qui est, le plus souvent là aussi, convoqué, et ce dans un rôle si particulier qu'il convient d'en délimiter le plus précisément possible l'exposition. Donner à voir mais dans le contrôle de l'abandon. Un acte qui aurait pourtant à voir avec l'amour?
"J'ai vingt ans. J'ai déjà fait l'amour mais pas cet amour sans geste et gracieux. Un amour en pleine immobilité sexuelle."
La première fois où l'on pose: moment initiatique. Décrire l'arrivée, la gêne, l'ignorance, les termes de la tractation ("l'instant où le peintre tend les billets crus"), l'indication de la pose ("les angles de mon corps passé à la moissonneuse de la géométrie")… D'un côté les pinceaux qu'on prépare, de l'autres les habits qui tombent. Rituel. Conditions d'appropriation. C'est, pour l'auteur, l'occasion inédite d'un apprentissage, entre émoi et humour, déprise de soi et réinvention du sexe.
"Il faudra beaucoup de peintes pour […] que je laisse mon corps tranquille, insouciant et vautré, endormi brutalement, riant bouche déboitée, lové dans l'air rouge de l'atelier, érotique dans son battement, sa fatigue et sa parfaite imperfection."
Devenue un temps "idéale gargouille", la femme modelée laisse vaguer ses pensées, voyage dans les plis de ses craintes, s'amuse à fantasmer le réel réduit à un affrontement. Le regard du peintre, ou plus tard celui des étudiants, est foule, il cadre et recadre, déforme, dénature, réinvente:
"Trente cœurs me voient. Je suis irréconciliable."


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Émilie de Turckheim, La femme à modeler, Naïve, 2012

Note:
Du même auteur,
paru récemment aux éditions Héloïse d'Ormesson:
L'enlèvement des Sabines
(cf. ma critique dans Le Monde des Livres du 1/03/2018)

mercredi 21 mars 2018

Traduction, piège à Macron

On le sait (ou pas): l'obsession des prix littéraires est ce petit sapin rabougri aux odeurs de cercueil qui cache la forêt des invisibles vivaces. Ainsi, il a été question il y a peu d'un "nouveau" prix de la traduction, mais qui, à la différence suppose-t-on des autres déjà existants, serait, lui, "grand". Un "grand prix de la traduction", pour célébrer en grandes pompes cette activité inégalement rémunérée qui n'intéresse globalement que les personnes concernées (et encore). Le président Emmanuel Macron, dont on ne saurait remettre en cause la passion pour la culture puisqu'il a déposé un crayon sur la dépouille d'un académicien, avait donc promis en fanfare de marquer le coup. Une date avait même été avancée: en mars, pendant Livre Paris, au vu et au su de toutes les personnes venues arpenter la plus grande librairie payante de France.

Mais bon, le problème, c'est qu'il aurait fallu s'en occuper de ce prix ! Organiser un truc, établir des listes, trouver des experts, imaginer une récompense (un crayon du poids du lauréat? une plume qui ait de l'aplomb?), etc. Trop fatiguant sans doute, et puis c'est quand même plus classe de snober tous les écrivains russes invités, non? Bref, que dalle. L'annonce se suffisait à soi-même, apparemment. Un bon coup de clairon vaut mieux qu'une charge au clair.

Mais qu'on se rassure (ou pas). Ce "grand prix" aura finalement lieu, nous assure le Royaume de Valois. Courant 2018. Ouf. On a hâte de connaître la date. Je propose qu'on fasse ça le 30 septembre, puisque c'est la saint Jérôme, patron des traducteurs. Bernard Pivot et François Busnel accepteront d'en être les parrains, ça va de soi. Douglas Kennedy, le plus grand écrivain américain vivant, le décernera. Laurent Ruquier invitera le lauréat à son émission en même temps que quelqu'un d'un peu plus connu. Le lauréat aura droit à une accolade, une visite sous la Coupole ainsi qu'à un séjour à Eurodisney. Et, cerise sur la gâteau, l'heureux récipiendaire du prix ne subira pas la hausse de la CSG. (Ah, zut, on m'informe que cette dernière faveur n'est pas possible. Bon, tant pis.)


mardi 20 mars 2018

A l'école du crottin de cheval

A ceux et celles qui souvent se plaignent qu'un texte, un passage, n'est pas assez clair, manque de clarté, semble vouloir s'en passer, on aimerait répondre que, même si souvent l'opaque ne cache que lui-même, par un vain effet de profondeur, il est vrai aussi que l'écriture n'est pas pur dévoilement, n'est pas travaillé epar le seul souci d'éclaircissement. Un livre qui ferait lumière sur tout, à commencer par lui-même, serait tellement surexposé à la lecture qu'il n'imprimerait sur nos rétines que sa simple trace, nous privant de perspectives et, partant, d'angles morts. Or nos imaginations – nos pensées – ont soif également d'angles morts.

Dans La fête des cabanes, texte prononcé à l'occasion de la remise du Prix Dentan 2016, l'écrivain David Bosc (qu'on suit ici attentivement) cite entre autre cette phrase de Kafka:
"Étions-nous fous? Nous courions la nuit à travers le parc et brandissions des branches",
qu'il commente ainsi:
"Pourquoi justement cette image? Parce qu'elle est un noyau de mystère qui va s'épaississant – et parce que j'aime une littérature qui ne se donne pas pour mission de tirer toute chose au clair. 'Le crottin de cheval est un grand poète', écrivit Jean Giono dans son hommage à Herman Melville. Giono a raison, l'image poétique frappe l'esprit comme une odeur de crottin forte et je me suis mis pour écrire à l'école du crottin de cheval."
Peu d'écrivain oserait le dire ainsi: se mettre à l'école du crottin de cheval. Et pourtant, c'est de cela qu'il s'agit si l'on veut coller au corps qui écrit en nous. Impossible de simplement retranscrire les ondes qui nous agitent au fond; inutile de simplement traduire les remous qu'on sent autour de soi. Tout se passe dans l'entre, dans la rencontre – empêchée, furtive, colérique ou sourde – entre plusieurs plans tentant d'échapper aux notions d'intérieur et d'extérieur. L'écriture tisse autant qu'elle brasse, la friction est sa chanson, si elle n'apprend pas à se perdre (et nous perdre un peu) elle n'est que collier de trouvailles.

Dans Le sang des hirondelles, texte d'André Wyss qui accompagne La fête des cabanes, et qui revient sur la force du roman de Bosc, Mourir et puis sauter sur son cheval, on trouvera les dernières lignes de ce livre paru chez Verdier – lignes qu'on pourra saisir entre les dents ainsi qu'un mors, afin de chevaucher plus libre:
"Donner naissance à autre chose, expulser une forme vagissante, l'ectoplasme d'une notion griffonne, dans la très rapide simagrée d'une métamorphose, dans l'éventration scandaleuse, ravissante, d'une chrysalide."

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David Bosc, La fête des cabanes, avec 11 dessins de Philippe Fretz, accompagné de Le sang des hirondelles, d'André Wyss, éd. art&fiction, éditions d'artiste (avenue de France 16, 1004 Lausanne), 2016

lundi 19 mars 2018

Anne Waldman dans le Maelstrom

La poésie américaine reste mal connue en France, à tel point que le lecteur, même curieux, pourrait avoir l'impression qu'il ne s'est rien publié d'important depuis Howl de Ginsberg (dont la traduction française aurait bien besoin d'être réimaginée, mais bon, les droits sont bloqués, oubliez…).

Pourtant, quelques éditeurs s'obstinent. En France, on signalera tout particulièrement les éditions Joca Seria et José Corti, mais aussi P.O.L (avec Reznikoff, Ashbery…) ainsi que le travail de quelques traducteurs au nez fin, comme Martin Richet, Vincent Broqua, Olivier Brossard, les écrivains Stéphane Bouquet et Jacques Roubaud, l'indispensable Marc Chénetier, et quelques autres, qui tous prolongent le travail de défrichage effectué entre autres par Pierre Leyris. Il faut également citer le collectif Double Change, qui "milite" pour que soit mieux connue et entendue la poésie américaine expérimentale. Mais dans l'ensemble, ces voix essentielles sont peu diffusées dans la stratosphère éditoriale. 

Pour ne citer qu'un exemple: Anne Waldman. C'est sans doute l'une des plus importantes poétesses contemporaines, avec C.D. Wright (décédée il y a deux ans), Alice Notley (auteur du magique The Descent of Alette) et Eleni Sikelianos (publiée par Joca Seria, Actes Sud et Grèges). Et pourtant, pas facile de trouver Waldman en traduction en France, hormis un titre aux éditions Joca Seria, Archives pour un monde menacé (traduction Vincent Broqua).

Raison de plus pour vous parler de MaelstromRévolution, une structure belge née en 1990, au départ un groupe d'artistes et d'écrivains, devenue en 2003 une maison d'édition. Chez eux, vous trouverez deux courts titres (qui plus est, en bilingue) d'Anne Waldman: Crépusculaire, traduit par Vincent Broqua et Surf sur une marée d'étrangeté, traduit par Marianne Costa, respectivement 3€ et 5€. Ainsi qu'un recueil plus vaste, Fast Speaking Woman, qui vous donnera la mesure de l'ampleur de cette poétesse/performeuse – qui a écrit ses "Cantos" avec sa magnifique Iovis Trilogy, monumentale épopée féministe parue en 2011 chez Coffee House Press. MaelstromRévolution publie également des textes d'auteurs francophones, comme Antoine Boute (dont je vous parle régulièrement), mais aussi Vincent Tholomé, David Besschops, Tom Buron, Laurence Vielle, etc. Bref, des gens dont on parle peu dans la presse littéraire (la presse quoi?).

Je laisse le mot de la fin à Anne Waldman:

"Code ton langage et fuis. / Ils ne te trouveront pas. / Je les ai inventés. / J'ai inventé les mots, et je peux les cacher. / Ils ne te trouveront pas. / Cachée par le crépuscule. / Un crépuscule sensuel. / Dans toutes les langues." (in, Crépusculaire).



mercredi 14 mars 2018

Le Salon se paie les auteurs

Si vous n'avez rien de mieux à faire que d'aller au Salon du Livre – Pardon à Livre Paris… –, n'hésitez pas vous rendre sur le stand Inculte, 1H, afin de soutenir le moral des troupes d'Incultes.

Les auteurs maison y signeront avec des stylos les livres d'eux que vous achèterez. (Personnellement, je n'y serai pas, car mes stages de poney aquatique reprennent dès demain.) Mais je vous donne quand même les renseignements, histoire de :




Les auteurs en dédicace (stand 1H) : 
Damien Aubel : dimanche de 15h à 16h
Xavier Boissel : samedi de 14h à 15h
Valérie Cibot : samedi de 15h à 16h et dimanche de 14h à 15h
Daniel Foucard : dimanche de 14h à 15h
Adrien Genoudet : samedi de 16h à 17h
Cloé Korman : vendredi de 18h à 19h
André Markowicz : vendredi de 16h à 18h, samedi de 14h à 15h et dimanche de 15h à 16h
Anthony Poiraudeau : vendredi de 15h à 16h et samedi de 16h à 17h
Nicolas Richard : vendredi de 16h à 18h, samedi de 16h à 17h et dimanche de 16h à 17h


Et non, Pynchon ne viendra pas. Mais Alan Moore, lui, si. Enfin, presque. La preuve:

Retrouvez Alan Moore en duplex, en exclusivité le samedi 17 mars à 14h sur la Grande Scène, lors du rendez-vous « L’Acte d’écrire : Le grand entretien », en partenariat avec France Télévision


jeudi 8 mars 2018

Agenda à dada

En ce 8 mars, journée mondiale des droits de la femme, Emmanuel Macron a un emploi du temps très chargé. Surtout à 18h.



mardi 6 mars 2018

Le passé mis en pièces: L'appartement d'André Markowicz

Parfois, se raconter exige de revenir sur les lieux où a poussé, première, la fleur de tout récit, celle de l'enfance. De rentrer chez soi, ou plutôt de faire à nouveau effraction dans l'appartement où l'on a appris à être soi un jour. Grotte aux parois tout sauf mutiques, labyrinthe dont on connaît tous les tours et détours, climat intérieur que ni la poussière ni la négligence ne peuvent tout à fait perturber. Pour le traducteur et écrivain André Markowicz, ce lieu n'est autre qu'un appartement de Saint-Pétersbourg où sa grand-mère a habité une grande partie de sa vie. C'est là que s'est forgée la musique secrète de la langue qui l'habite, le russe. Là sans doute qu'est né ce "bruissement de la langue", cet accent survivant à un réel disparu, comme le sentiment d'un membre fantôme. Y revenir, c'est réinvestir une géographie domestique et mentale, mais surtout sensorielle ; c'est retrouver, sous l'apparente déréliction, la peau douce de la jeunesse. Non pour célébrer l'âme défunte des choses et en tirer un phrasé nostalgique, mais pour, comme chez Proust, inviter le passé à respirer encore dans cet autre lui-même qu'est le texte.

L'appartement, qui sort demain aux éditions Inculte, nous rappelle si besoin est que le grand traducteur qu'est André Markowicz est avant tout un maître des cadences. Son livre – où la psychogéographie révèle, comme une plaque sensible, le biographique – a la particularité d'être écrit en vers, et l'on sait combien Markowicz sait plier le récit au rythme au point de les faire coïncider en un même précipité. Pour traduire le tétramètre ïambique de l'Eugène Onéguine de Pouchkine, Markowicz avait su créer un octosyllabe d'une étonnante plasticité, un véritable feu follet métrique. Ici, dans L'Appartement, c'est au décasyllabe qu'il a confié le soin de chanter "l'odeur du premier monde", un décasyllabe qui ne cesse de déborder comme un ru sans cesse alimenté par une fonte intime, celle des perceptions retrouvées:

"[…] mais est-ce la Russie, est-ce l'enfance / ou bien les deux ne sont pas dissociables, / tout ce qui est de l'ordre de mes sens / s'est figé là comme une fois pour toutes, / ce qui fait que la suite de la vie, / je veux dire la vie en tant que telle, / s'avère, au bout du compte, un accident, / comme une diversion, une long détour, / ou, justement, non, pas si long que ça, / parce que dès que cette enfance arrive, / 'arrive' et pas 'revient', le temps n'est plus, / il n'a plus d'importance, il est passé / et je suis revenu où je dois être / ou plutôt non – je reviens où je suis /". (p. 117)

Cet "appartement" (mot qui résonne bien vite comme "appartenance"), Markowicz ne s'y enferme pas, il y va et vient comme dans un souvenir offrant d'autres perspectives sur la vie, et c'est depuis son seuil menacé qu'il raconte sa préhension des textes à traduire (en complicité avec Françoise Morvan), qu'il s'agisse de Platonov qu'après une première déception il entend alors mieux et plus fort grâce aux corps portés sur scène, ou de L'idiot, dans lequel il entre "non pas comme un déluge / mais phrase à phrase, par petites doses, / au jour le jour, pour garder l'équilibre".

Le lecteur poussera d'autres portes de cet "appartement" – entrera dans d'autres pièces de la vie de Markowicz, dont certaines situées en Bretagne. Quel que soit l'épisode retracé, on est conquis, ou plutôt convié, par ces vers ivres de rebonds, ces vers qui ricochent au plus profond de la mémoire et parviennent à traduire – à déplacer, bousculer, ranimer – les sensations et les visions, l'intellection et la passion. L'appartement, et c'est ce qui explique sa force d'émotion, est une crépitante leçon de souffle.