lundi 1 mars 2010

Les disciples sauvages


Après avoir vu, récemment, à la MC93 Bobigny, l’ingénieuse et puissante adaptation, nécessairement parcellaire, qu’ont faite du roman de Bolaño, 2666, Pablo Ley et Alex Rigola, et dont ce dernier a signé la vibrante mise en scène (en lecture ?), quoi de plus naturel que de replonger, comme incessamment magnétisé, dans cette œuvre dont le déroulement posthume nous réserve encore de beaux vertiges. Les éditions Bourgeois publieront en avril prochain un texte intitulé Le Troisième Reich, et l’on ne peut que guetter également la parution, dans un avenir proche, de La Universidad Desconocida. En attendant ces pépites, où charbon et diamant devraient continuer leur dialogue tendu, on ferait bien de s’offrir le détour pluriel que nous propose la revue Cyclocosmia, revue dont le dernier numéro paru est pour l’essentiel consacré à l’œuvre de Roberto Bolaño.

Après un numéro Pynchon, un autre sur José Lezama Lima (et en attendant d’autres à venir, possiblement centrés sur Volodine et Milorad Pavic), Antonio Werli et ses deux acolytes, Julien Frantz et Julien Schuh, ont concentré leurs efforts pour nous aider à nous retrouver dans une œuvre qui n’a rien à envier au poulpe ou à la méduse. On lira donc avec intérêt les souvenirs du salvadorien Moya, lequel fait de RB un « guetteur » infatigable ; le parcours éditorial de RB tel que le retrace Jorge Herralde. Antonio Werli, en quelques pages lumineuses, ressuscite le rêve mallarméen du livre chez RB (« Au-delà l’espace transparent »), tandis que François Monti s’efforce de dégager les lignes et fractures politiques d’un auteur qu’on ne saurait uniquement articuler à une critique du fascisme (« A la gauche de Bolaño »). Dans « Prosopopée pour anapocalypse », Julien Frantz tente une lecture « girardienne » plus que pertinente. Eduardo Lago, dans une contribution intitulée « La Soif de Mal », replace RB dans les lettres hispanophones, et nous rappelle à quel point l’auteur de 2666 jouait avec l’espagnol, le chilien, l’uruguayen etc.

Eric Bonnargent, dont on suit sur la toile le blog littéraire Bartleby Les Yeux Ouverts, relit Les Détectives sauvages pour en extraire le « perspectivisme fondamental » et nous rappelle au passage le fameux poème de Tinajero considéré par Belano et Lima comme la quintessence de l’art, Sion.

D’autres contributions font de ce volume une salutaire cavalcade sur les terres bolañiennes. Et, fidèle à son credo littéraire, Cyclocosmia intercale dans ce mille-feuilles critique quelques récits et poèmes, signés Julien Frantz, Carlos Henderson et alii.

Pour plus de renseignements, on ira sur www.cyclocosmia.net

1 commentaire:

  1. Et là aussi : http://cousumain.wordpress.com/2010/02/14/15-fevrier-quest-ce-quil-y-a-derriere-la-fenetre/

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