mardi 31 mars 2009

Mathias Enard / Dominique A.


C'était pendant le festival Passa Porta, à Bruxelles, dimanche, sur le coup de 17h15. Une cour à ciel ouvert, un grand mur de briques. Enard parlait de Salonique, d'amour trahi, et Dominique A. tissait des loops hypnotiques. Il y a eu un rappel, et chacun a relancé la donne, une dernière fois. L'homme a la guitare a monté les décibels, l'homme au livre a poussé la voix, une bataille tout en générosités, une vraie zone d'intensités. Le soleil, pas peu fier, a pris son temps pour disparaître entre les vieilles façades et les monstres de verre. Et comme il n'y avait pas de Twenty-Two Bar, on a fait escale au Greenwich pour une petite chimay entre amis. C'est à ce genre de détails qu'on comprend que le printemps va t'en mettre plein la gueule.

Bruxelles TrashPics/≠1





vendredi 27 mars 2009

Ne lisez pas que La Princesse de Clèves!


Le jeudi 2 avril, 19h
à la librairie L'Arbre à Lettres
(14 rue Boulard, 75014 / Métro Denfert)
rencontre avec Claro autour de son livre
Le Clavier Cannibale (éditions Inculte).
L'auteur sera présenté par Fabrice Colin.
Venez très beaucoup!

mardi 24 mars 2009

99 pages en Ferrari

Tu es à Saint-Pétersbourg et la Neva est un miracle d'eau et de glace, tu sors de l'Hermitage où un Cranach t'a obligé à te mettre humainement à genoux devant la beauté, le printemps russe hésite entre boue et neige, tu retournes dans ta chambre d'hôtel et regarde par la vitre le square où la blancheur attend l'impression de pas qui ne sont pas les tiens, puis tu ouvres un livre qu'on t'a offert à Bruxelles, ce livre s'appelle Un dieu un animal, il est signé Jérôme Ferrari, et deux pages plus loin tu es de nouveau à genoux…

En moins de cent pages, Jérôme Ferrari te déchire les yeux avec ce tango à deux corps, celui du narrateur qui tel un Ulysse déchu revient auprès des siens, auprès de son chien, et celui de Magali, que la société a réduit à l'état d'ustensile - mais la guerre n'est pas finie, ni dans les cœurs ni ailleurs, mais quelque chose a été déchiqueté en lui qui fait que le voilà, revenu sur ses propres pas, prêt à piétiner ces derniers souvenirs qui l'ont maintenu en vie tout au long d'une odyssée barbare. Il a été soldat, contre Dieu, puis mercenaire, pour le dieu Sécurité, et tout ce temps passé à se désintégrer, tout ce temps à tourner autour de son cœur évidé dans le sens d'un tourbillon aspiré par un vide sans nom, il a chéri au fond de lui le souvenir d'une fille embrassée au village, d'une Juliette privée de Roméo. Le lecteur, après avoir été assommé tel un bœuf coupable par les six premières pages, après avoir appris que c'est ainsi que finit le monde, non dans un fracas mais dans un craquement d'os intolérable, va naviguer, un peu groggy, un peu grisé, entre les non-faits d'armes de cet Ulysse brisé et la vie d'entreprise de cette Pénélope rongé par le cancer de la compétitivité. On pense au sniper de La perfection du tir, de Mathias Enard et au couple de Simples mortels, le roman de Philippe de la Genardière. Le cadrage est serré, la voix syncopée, et on a les yeux qui piquent, comme si une fumée de charnier flottait là, quelque part. Car les deux protagonistes du livre, telles deux aiguilles aux célérités inconciliables, sont reliés par un minuscule moyeu possiblement idyllique, ce moment béni où l'exécutive woman était encore une Nausicaa en herbe et où le flingueur des sales besognes rêvait de glisser une main sous la jupe du possible. Et encore faudrait-il évoquer la sublime figure d'Ibn Mansûr El-Hallaj, dont le supplice irrigue la viande du texte, martyr aux mains et aux pieds coupés? Encore faudrait-il parler des effets contrariants du Bailey's sur les corps trop endurcis, de l'obscénité paramétré des décideurs, de l'entêtement des énamourés. De la mort de Patrocle, dit Jean-Dot. Encore faudrait-il préciser que la langue de Jérôme Ferrari est une lame lentement rougie au feu de notre naïveté, une longue interpellation de nos doutes, un chant arabe au pied de la croix. "Mais regarde: aujourd'hui est à nouveau un jour de trêve. Ta vieille carabine est posée à côté de toi et tu frottes dans tes mains un peu de la terre humide de l'oliveraie". Ce qu'est cette trêve selon saint Ferrari, nous ne le dirons pas.

Les heures ont passé, et une nuit parcimonieuse enveloppe Saint-Pétersbourg. On referme le livre et on s'enfile une rasade de vodka. Mais pas parce qu'il fait froid.

[Jérôme Ferrari, Un dieu un animal, Actes Sud, 12 €]

jeudi 12 mars 2009

Omega Minor in London


L'écrivain Paul Verhaeghen était invité il y a peu à Londres à l'occasion de la Jewish Book Week. On peut trouver ici un long entretien audio mené par Boyd Tonkin, tout ce qu'il y a de passionnant.
La traduction en français de ce roman exceptionnel avance, et une parution en avril 2010 est de plus en plus vraisemblable.

lundi 9 mars 2009

Brésil-Rome, zéro partout

Info : L'archevêque de Recife, dans le nord-est du Brésil, a excommunié une femme pour avoir fait avorter sa fille de 9 ans, violée par son beau-père. La décision du prélat a été saluée par le Vatican.

Eh bien, il semblerait qu’un certain chemin ait été parcouru depuis l’époque psychédélique de l’immaculée conception, quand l’engrossage secret pouvait aisément passer pour un miracle. Et puis, bon, deux chrétiens brésiliens de plus, vite ondoyés après la mort de leur pécheresse de mère de neuf ans, on allait pas cracher dessus, surtout au Vatican, faut quand même équilibrer le grand registre des âmes. La mère qui a fait avorter sa gamine n’était franchement pas très charitable. On espère juste que le beau-père violeur et incestueux n’a pas été excommunié, lui. Sinon c’est match nul.

Comme l’a dit récemment Benoît Sweet Sixteen:
«Aujourd'hui encore, Rome a besoin de femmes tout à Dieu et tout au prochain, de femmes capables de recueillement et de service généreux et discret, de femmes qui sachent obéir aux pasteurs, mais aussi les soutenir et les encourager par leurs suggestions mûries dans leur rencontre avec le Christ et par l'expérience directe dans le domaine de la charité, de l'assistance aux malades, aux exclus, aux mineurs en difficulté. Ce don de maternité ne fait qu'un avec l'oblation religieuse sur le modèle de la Sainte Vierge».


J’ai une vague idée de ce que je ferais de mon cierge si on m’invitait à baiser les pieds du pape…

Bruxelles Trash Pics





mardi 3 mars 2009

Agenda mars



Le vendredi 6 mars, à Bron pour la 23ème édition de la Fête du livre de Bron – de 10h30 à midi, pour un débat sur les blogs d'écrivain, avec Chloé Delaume, Alain Mabanckou, ainsi que Louise Merzeau et Brigitte Chapelain. Débat animé par Martine Lavala et Frédérick Houdaer.

Le samedi 7 mars, la Foire du livre de Bruxelles, pour un débat sur la traduction avec Bernard Hoepffner (18h).

Le 10 mars à Strasbourg, à 17h30, à la Librairie Kléber, pour un débat également sur la traduction avec Bernard Hoepffner.

Au Salon du Livre, à Paris, le 16 mars, en direct de Tout Arrive, l'émission d'Arnaud Laporte (12h50-13h30); toujours le 16, un débat à 14h sur le thème littérature et réseaux sociaux, organisé par Vincent Monadé; le mardi 17, à 17, pour un débat sur le roman, organisé par Laure Limongi, (avec Céline Minard, entre autres). Plus signature sur le stand Inculte.