dimanche 29 juin 2008

Festival du film de Moscou: Un Cœur Simple reçoit le prix spécial du jury


Isabelle Huppert, Marion Laine et Mylène Demongeot étaient à l'honneur ce week-end à l'occasion de la trentième édition du festival du film de Moscou. Isabelle Huppert a reçu le prestigieux prix Stanislavski, samedi soir. Marion Laine, pour sa part, a reçu le prix spécial du jury du festival de Moscou pour son premier long métrage, Un coeur simple, tiré de l'œuvre de Flaubert.

mardi 24 juin 2008

Après Carla dans Libé…

Le Parisien va faire sa une le 4 septembre avec une photo inédite de Thomas Pynchon. Le but: vendre 43 % moins d'exemplaires de ce numéro historique. On apprend également que La Vie du Rail a l'intention de faire figurer en couv une photo du Titanic. L'imagination a pris le pouvoir, c'est certain. Plus personne ne pense au pognon. On se laisse pousser les cheveux. C'est la chienlit. Quelque part, Villon tag des pendus, sous l'œil gorgé de pastis de la maréchaussée. La France est éternelle. Euh, si ça gêne personne, je vais écouter Einstürzende Neubauten en relisant Strangulation de Mathieu Larnaudie. Au moins j'apprendrai quelque chose.

Bastard Battle : Beau Brûlot

Céline Minard a écrit Bastard Battle dans le cadre d'un projet intitulé "fictions (des livres bizarres"), initié par Fanette Mellier, en Haute-Marne, pour Dissonnaces/Pôle graphisme de Chaumont, Haute-Marne. Eric Chevillard avait déjà œuvré en ces lieux. Le livre de Céline Minard paraît simultanément en édition graphique limitée (mais trouvable en librairies, entre autres à l'excellent Comptoir des Mots, à Paris, dans le 20ème arrondissement) et surtout chez LaureLi. Ceux qui ont lu R., La Manadologie et Le Dernier Monde ont pu mesurer l'ampleur du talent de Céline Minard. A peine doté de 100 pages, Bastard Battle est bien sûr lus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur. On est au XVème siècle, en terre chaumontaise, ça ferraille, y a des donjons, des caparaçons, l'œil ricochette sur les graphies archaïques (cuer, icy, moult, amor, icelle et cetera). Il y a surtout la langue, qui s'auto-cannibalise avec goûtance et furye. Car Minard n'est pas mignarde, elle ne cherche pas à ciseler un petit bijou précieux, elle n'enfile pas le gant médiéval pour que s'y pose le faucon de l'exotique historique. Plutôt, tel Rabelais en son temps, elle réinvente le français de l'intérieur, tannant la langue en peaussière furax, injectant sept samouraïs en terre pré-gaulienne… Cocasse et prompt à la casse, Minard s'amuse et ne perd pas le fil de sa romance braque. On pourrait citer Rabelais, voire les Monty Pythons. Villon. Chiolodenko. Il y a dans ces cent pages une liberté, une fronde, qui font rire d'avance des bibelots bobos qui vont envahir dès fin août les étals à livres. Plaisir de lire un écrivain insaisissable, qui prend des risques, change de vitesse, déconne comme on dit dégaine, et fait mouche comme on dit feu de tout bois. "Et puisque la volonté m'en revient, non point en tant que requis mais en tant que requérant et offensé aux noms de tous les gens par vous occis ou rançonnés, je voius signale que la batalle se fera à cheval, que le cheval sera armé d'un caparaçon d'acier et sa teste couverte d'une testiere d'acier, que sa selle d'acier sera celle d'un destrier pourvu des ailettes portées coutumièrement en temps de guerre, sans aultre accessoire, et les estriers setont déliés." On vous aura prévenu. La rentrée se fera au triple galot, et tant pis pour les mules qui visent les prix ou les têtes de gondole. Prochaine étape: Zone, de Mathias Enard (Actes Sud).

Bunker Anatomy

"So lived Medusa: each morning, before brushing her hair, she took care to feed the one thousand nine hundred and twenty-eight snakes quivering on her head. She called them by name—Thorium, Argon, Rubidium, Strontium, Cadmium, Titanium, Helium…— lavishing them with a few flattering words and then, by feel, sliding a dead fly into each of their mouths. Digestion was immediate. When their bilingual hissing evoked nothing but an innocuous gas leak, she could then attempt to arrange the fauna that was her moptop—as a child, Medusa buried her face in anthills and counted to a hundred, lips shut, eyes closed, and from this monstrous apnoea experienced something like pleasure. But most often she was content to coat her hair with a barbituate-based pomade, waiting twenty minutes or so and then enshrining the greasy bouquet within a woolen cap. Her toilette was long and painful. Nude on the tiled floor of the bathroom, she rubbed newsprint rolled in a ball and moistened with gasoline over her arms, then washed them with soapy water and, when they were dry, polished them with a shammy. The process had to be repeated every day, or else grayish-green stains reappeared which had to be eliminated quite quickly with hot vinegar or with lemon juice infused with coarse salt. Which was inevitably followed by long warbled howls, which awoke the snakes, who flew into a rage; everything had to be done over. Most of the time, she went back to bed and stayed in front of the extinguished TV for hours, without answering the telephone, spying on her ashen reflection in the dead screen. When she was an adolescent, eating was a nightmare, her boar tusks knocked over the carafe, scratched the dishes, got stuck on the bread. She had to pull them out herself and cauterize her gums with hydrochloric acid so they wouldn't grow back. Once upon a time there was a girl called Medusa who each evening, to fall asleep, counted the cadavers of her petrified lovers. These latter, like certain of the living at certain times, preserved in the hollow of their navel a minute quantity of sperm, which formed a plug, the proper return of things. After which, duly turned to stone, they ended up in the garden of her small suburban home, more vertical than ever. Except when fucking, Medusa never removes her sunglasses." (Claro, Bunker Anatomy, translated by Brian Evenson).

Face à Pynchon


En librairie le 25 août:
Collectif
Face à Pynchon
lot49/Inculte
(le cherche midi éditeur)…




« La nuit ne leur réservait aucune terreur, ils avaient au centre de leur cercle un feu imaginaire, ils n'avaient besoin de rien, en dehors de leur sentiment inviolable de communauté. » — Thomas Pynchon


Il existe un mystère Pynchon : aucun entretien, aucune apparition publique. Soit, le lot commun des trois quarts de l’humanité. Pynchon voulait-il effacer son visage ? Son regard ? Ou, simplement, la crispation en une identité dépourvue de fondements, dont l’écriture cherche à se débarrasser ? Invisible et libre, Pynchon a changé la littérature avec des romans comme V. ou L’Arc en ciel de la gravité. A l’occasion de la parution de Contre-jour, son septième livre, le collectif d’auteurs de «Face à Pynchon » revient sur son œuvre et les motifs qui l’irriguent, ainsi que sur l’auteur, jusqu’ici sans biographe. Tous essayent de tracer, à leur manière, les contours flous de ce continent littéraire déraisonnable et jubilatoire.

Avec la participation de :
Elfriede Jelinek, Paul Royster, Pierre-Yves Pétillon, Richard Powers, Étienne Celmare, Michael Moorcock, Brice Matthieussent, Brian Evenson, Don DeLillo, Claro, Rick Moody, Mathieu Larnaudie, Fabrice Colin, Percival Everett, Tommaso Pincio, Laird Hunt, Zak Smith, Tom Robbins, Arno Bertina, Luc Sante, Bastien Gallet, Olivier Lamm, Joanna Scott, Tom LeClair, Pierre Senges.

dimanche 22 juin 2008

New York I Love You…

"Après cette nuit et cette journée de colère inconditionnelle, on aurait pu s'attendre de la part de n'importe quelle ville à une totale renaissance, une purification par les flammes, la liquidation des cupidités, spéculations immobilières, politiques locales – au lieu de quoi on se retrouvait en présence de cette veuve éplorée, ce comité d'arbitrage endeuillé, qui allait mettre de côté, consigner amoureusement et conserver impitoyablement toutes les saletés de larmes qu'elle comptait verser, et les compenserait au fil des ans en devenant la pire des salopes, la plus cruelle des villes, et Dieu sait s'il y en avait d'autres qui ne se distinguaient pas par leur candeur.
Apparemment déterminé, aventureux, viril, le prodige urbain n'arrivait pas à surmonter ce terrible viol nocturne, quand 'il' fut contraint de se soumettre, de s'abandoner, odieusement, en femme aveugle, à l'étreinte infernale de sa bien-aimée. Il passa les années suivantes à oublier et fabuler et tenter de recouvrer un vague respect de soi. Mais intérieurement, tout au fond, 'il' demeurait le giton de l'Enfer, la lope à la disposition de tous les habitants, la garce habillée en homme." (Thomas Pynchon, Contre-Jour).

jeudi 19 juin 2008

Si Gordo m'était conté…


Chez ton libraire dès le 26 juin… Gaffe!

États-Unis, 1958. Vous pensiez savoir ce qu’est un singe ? Vous ne connaissiez pas Gordo. Affublé d’un smoking first class et d’un QI digne de Harvard, la nouvelle coqueluche du tout-L.A. promène son spleen frelaté sur les plus grandes scènes du pays. Ce qui ne l’empêche pas de déprimer sec : depuis que sa petite amie s’est barrée avec l’inventeur des fusées V2, notre quadrumane au cœur d’artichaut s’est découvert un don pour les plans copieusement foireux.

Quelques conseils : si vous piquez le journal intime de votre ex et que ce journal s’avère contenir tous les détails d’une expérience classée secret-défense, ne le planquez pas dans le coffre d’une gare. Ne tabassez pas l’agent de la CIA qui vous file au train. Ne rejoignez pas Sinatra à Vegas dans l’espoir d’aller mieux. Ne vous mettez pas le KGB et Elvis Presley à dos le même soir. Ne recommencez pas à picoler en racontant vos malheurs à la terre entière.

Et surtout, surtout : ne kidnappez jamais Lauren Bacall.

And now…


Contre-jour, c'est dans la boîte! Bon, fallait bien que ça arrive un jour, ce point après le mot "grâce"… Certes, le boulot est loin d'être fini, puisqu'il y a la relecture des épreuves (1300 et quelques pages) à abattre d'ici le 12 juillet. Mais l'essentiel est fait. Comme à chaque fois qu'on achève une traduction, surtout de cette ampleur, un étrange sentiment s'insinue en vous: comme si ça n'était, justement, pas fini, comme si la traduction continuait, toute seule, dans l'ordinateur ou entre les pages, son travail secret, minéral, les mots s'ajustant très légèrement derrière le spath du silence. Hâte toutefois de se coller à la traduction d'Omega Minor, dont le début est un bel hommage à L'Arc en ciel de la gravité… Et puis on va relire aussi attentivement les épreuves de "Face à Pynchon", notre chouette collectif sur l'œuvre de Mr. P. 400 pages à peu près d'analyses serrées, de visions décalées, de témoignages précieux. Avec en avant-propos un texte passionnant d'Elfriede Jelinek, excusez du peu. Puis c'est Pierre-Yves Petillon qui nous livre un texte magnifique et sacrément documentée sur les ancêtres de Pynchon et l'usage qu'en fit l'auteur de V. Puis le programme se déroule, varié, contrasté, les textes se faisant écho,… Etienne Celmarre se penche sur Vineland, Moorcock sur Contre-Jour, Brice Matthieussent se rappelle notre traduction de Mason & Dixon et disserte sur la fameuse perluette (&…); l'américain Brian Evenson monte alors au filet et fouille les entrailles de Vente à la criée du lot 49. Votre serviteur se promène dans Contre-Jour, pour y décrypter l'incessante bilocation de ses tropes; Rick Moody, en deux textes impeccables, monre à quel point Pynchon a compté pour sa génération; Mathieu Larnaudie opère un malicieux et pertinent parallèle entre le couple Mason/Dixon et le couple Deleuze/Guattari; enfin, Fabrice Colin repeint Vineland sous de brillantes couleurs. C'est ensuite au tour de l'énigmatique Tomaso Pincio de farfouiller dans la malle ludique du maître. Laird Hunt s'immisce alors et nous parle de sa découverte de Pynchon, assez troublante. Arno Bertina explore les méandres de V., Luc Sante offre un beau portrait de Contre-Jour; Gallet/Lamm se coltinent l'Arc en ciel. Et Pierre Senges vient fermer le bal de façon très… Pierre Senges! Avec en prime des témoignages de DeLillo, Tom Robbins, Joanna Scott, Percival Everett et Richard Powers. Des dessins de Zak Smith. Quelques autres illustrations, aussi. Manque plus qu'un morceau de spath d'Islande comme au bon vieux temps de Pif Gadget!

mercredi 4 juin 2008

Tranché vif


(Septembre 08, Lot49)

Après avoir perdu une main lors d’un règlement de comptes, Kline, un détective privé, se voit confier une enquête au sein d’une société secrète composée de mutilés volontaires, où un meurtre a été commis.
Mais pour mener son enquête, Kline doit gagner la confiance des membres de cette étrange secte. Or cette confiance se paie cher, car pour accéder à certains niveaux de la hiérarchie, il convient d’être à chaque fois davantage amputé… Jusqu’où Kline sera-t-il prêt à aller pour découvrir l’insoutenable vérité ?

Les voies de la confrérie sont-elles impénétrables ?

Dans la lignée de Poe et de Borges, une prose « incisive » au service d’un récit dérangeant, ou rivalisent humour noir et « banalité de l’horreur ».


Brian Evenson est l’auteur d’une dizaine de fictions ainsi que d’un essai sur Robert Coover et enseigne actuellement à la Brown University. Il traduit également des auteurs français. Lot49 a publié en 2005 son recueil de nouvelles, Contagion, suivi en 2006 du roman Inversion.

A PROPOS D’INVERSION :

« La meilleure surprise de ce début d’année. »
Philippe Djian

« Brian Evenson hisse son art à des sommets dignes de Jerôme Bosch ou Edward Munch »
Olivier Stupp, Technikart

« Une terrible puissance combinée à un humour ravageur »
Raphaelle Rérolle, Le Monde