lundi 31 mars 2008

Un cœur simple : palmarès


"Un petit bijou à ne pas manquer" (Worldcinemag)

"A la fois cérébral et très émouvant, le film multiplie les ellipses judicieuses et est traversé de fulgurances saisissantes, à l'image d'un dernier plan d'une rare beauté. Un petit miracle de cinéma." (Baptiste Liger, Lire)

"De ce récit pathétique et d'une sourde atrocité, Marion Laine, pour son premier long métrage, fait un film honnête, méticuleux et fidèle." (Le Monde)

"Portrait touchant et sensible de deux femmes que tout oppose, mais qu’un lien invincible et invisible va lier, peint par deux actrices françaises dont le talent indéniable nous fait vibrer. " (Réponse à Tout)

"Sandrine Bonnaire est exceptionnelle car elle réussit à être à la fois passionnée, dévouée, instinctive, sensuelle, violente, bestiale, soumise, résignée." (Pierre Assouline)

"Marion Laine, dont Un cœur simple est le premier film, raconte l'histoire de Félicité avec attention et sérieux, elle filme adroitement parfois, si elle ne trouve pas toujours ne renonce pas à chercher et dispose en Marina Fois d'une Mme Aubain souvent inattendue et qui ne cesse jamais d'être juste. Il serait inconvenant et stupide de lui reprocher de ne pas être Flaubert, de n'être pas Pialat, pourtant c'est à cela que l'on pense du début à la fin du film." (Pascal Merigeau, Nouvel Observateur)

"Pour son premier long métrage, Marion Laine adapte un conte de Flaubert sur les relations contrariées entre une servante et sa maîtresse : Un cœur simple. Il en résulte un film subtil habité par un duo d’actrices inédit : Sandrine Bonnaire et Marina Foïs. (Studio)

"C'est l'histoire d'une servante au grand coeur, esclave volontaire d'une bourgeoise inconsciente, qui voit disparaître un à un les êtres qui lui sont chers : un amoureux indifférent, une fillette aussi malheureuse qu'elle, un neveu trop aimé, et même un perroquet nommé Loulou.." (Télérama)

"L’adresse de Marion Laine tient principalement à sa manière d’escamoter le temps qui passe." (Libération)

"Exigeant, ambitieux et méritoire, Un Coeur simple est donc un film à voir et Marion Lainé une cinéaste à suivre. Car si elle poursuit ainsi et renouvelle ce qu'elle vient de faire, c'est le cinéma français qui a de beaux jours devant lui. (Jean-Baptiste Guégan- DVDrama)

"our réaliser ce film sensuel, lyrique, passionné et bouleversant, elle a su se détacher du texte originel. Ainsi, elle a ajouté des scènes qui n'existaient pas dans le roman, notamment les déboires sentimentaux de l'héroïne que Flaubert évacue d'un lapidaire «elle avait eu, comme une autre, son histoire d'amour». Un procédé habile qui permet au spectateur de mieux s'identifier au personnage principal. Marion Laine a aussi eu l'intelligence de donner plus de corps aux personnages secondaires. Par exemple, elle complexifie la psychologie de Mme Aubin. La patronne de Félicité, fade et sans relief chez Flaubert, devient à l'écran une femme compliquée, pleine de frustrations et incapable d'exprimer le moindre amour depuis la mort de son époux adoré. Au fond, en manquant de respect vis-à-vis du conte, elle répond parfaitement au voeu de son auteur qui, avec Un coeur simple, s'était donné pour ambition de «faire pleurer les âmes sensibles». (Marianne)

"La fiction, remarquablement interprétée par Sandrine Bonnaire et Marina Foïs, évite les pièges, les contre-sens et met en scène avec pudeur les déchirures secrètes de cette femme simple, inadaptée à la mesquinerie et à la violence du monde. Un premier film prometteur." (Le Point)

"le public français ne réalise pas la chance immense qui est la sienne: il est le seul à pouvoir avoir des films de ce genre, qui ne soient pas tout public et n'aillent pas dans la surenchère. Enfant gâté, va!" (20mn.fr)

A suivre…



1001 Nuits : droit au coeur


Ton plaisir tu ne bouderas pas.

Flaubert tu reliras.

Un cœur simple tu dégusteras.

Le film tu iras voir.

Le conte tu savoureras.

Décomposition: accroche-toi


Retenez ce nom: J Eric Miller. A la rentrée, les éditions du Masque publieront son roman-tuerie, Décomposition, traduit par votre esclave soumis. C'est court, ça fait mal, c'est imparable. Imaginez que vous ayez les pieds pris dans un bloc de béton, qu'on pose sur vos oreilles des écouteurs diffusant du Sonic Youth mais version acoustique, puis qu'on vous propose de faire du saut à l'élastique en tenant dans chaque main une grenade dégoupillée. Imaginez qu'on vous scie en deux avec un disque de Black Sabbath mais que vous ayez le droit de visionner en agonisant un extrait du Magicien d'Oz. Plus simplement, c'est l'histoire d'un conte de fées qui commence mal et qui finit mal. Une histoire de route pas vraiment de briques jaunes, sur laquelle roule une Mustang, conduite par une fille folle et foutue, avec dans le coffre un Jack de trop. Il y a aussi la plus cinglée histoire de poules de tout le roman noir et qui vous fera fuir KFC jusqu'au restant de vos jours. C'est sorti en 2006 chez Ephemera aux Etats-Zutiques. Ça explose bientôt ici. J'y ai pris un plaisir extrême, comme disait La Fontaine à propos de Peau d'âne. Comme l'a dit un lecteur perspicace: "he novel draws you in and is a roller coaster ride to the last page. It reminded me of an adult Robert Cormier novel or David Lynch flick - interesting, intense, bizarre and deeply illustrative that each person's reality is a proprietary thing. How can I like the protagonist and even understand her as her mind flows from beauty to horror without any discernable difference in perspective or conscience? I guess I liked it in a way drivers slow down to watch the aftermath of an auto accident - I wanted to look away, but couldn't stop reading. It is definitely a page turner. I highly recommend it." De J Eric Miller, on lira aussi le sublimissime Animal Rights and Pornography, publié par l'ami Soft Skull, un recueil de nouvelles cannibalesquement parfaites.

Allez, les premières lignes, si douces, si chantantes…

George était un type bien et je ne l’ai pas tué ; mais je lui ai brisé le cœur. Il m’a offert cette Mustang et quand j’arriverai enfin à Seattle, je me garerai devant chez lui, il descendra les marches de son porche en courant, il se penchera pas la vitre baissée et il m’embrassera. Tout sera alors parfait.
Mais avant d’arriver là-bas, il faut que je me débarrasse de Jack. Lui, ce n’était pas un type bien, et je l’ai tué.
C’est la première fois que je prends la route, et il est hors de question que Jack soit encore dans le coffre quand j’arriverai à bon port.
[P.-S.: La photo reproduite ici est de Weegee ("Weegee au travail devant le coffre de sa Chevrolet. Un capitaine de la police lui donne la possibilité d'installer une radio onde courte dans sa voiture qui le relie au quartier général de la police.» - c'est .)

Pynchon, un Tours complet


L'an dernier, côté printemps, l'université de Tours, sous l'égide zélée de Gilles Chamerois, organisait un colloque sur le dernier opus de Thomas Pynchon, Against the Day. On peut lire aujourd'hui les diverses communications, passionnantes, ici. Ça devrait faire plaisir à un certain aw, qui va pouvoir lire un de ses auteurs traduits, excellemment, par le même Gilles Chamerois. Comme quoi aller vers la grâce est devenu un sport collectif. We are all chums of chance…

Sommaire:

Anne Battesti - A few remarks on Pynchon’s “Applied Idiotics” in Against the Day

Bénédicte Chorier - Let the reader beware: the "Minor Adjustments of fiction" in Pynchon's Against the Day'

Claro - Translating Pynchon

Jon Hackett - Freedom, force and space: Pynchon’s politics of æther

Charles Hollander - Pynchon’s Juvenilia and Against the Day

Paolo Simonetti - Like metaphor, only different

Peter Vernon - It’s Just Not Cricket: Cricket as Metaphor in Thomas Pynchon’s Against the Day



Brian Evenson meets Dennis Cooper


Ça devait arriver un jour. L'écrivain Dennis Cooper (cf. le catalogue du grand POL) a fini par mettre le nez dans l'œuvre de Brian Evenson, et le choc a été à la hauteur de la rencontre.
Pour s'en assurer et faire autre chose que de coller des poissons-post-it sur le dos des aveugles, on ira faire un tour sur le blog de l'ami Cooper, en attendant, of course, le carabiné opus d'automne La Confrérie des Mutilés que Lot49 vous servira en septembre 08 – avec en prime la venue du gentil ogre Evenson au Festival America à Vincennes.
Donc, en apéro, cliquez there.

All You Need Is(tambul)


Une petite nouvelle "détachable & attachante", parue dans le nouveau de la belle revue Traffic, dans laquelle il est question d'un certain Soliman Rastaquouère et d'une chouette Pomponette Iconodoule, sur fond stambouliote. En kiosque déjà tout de suite.

mercredi 26 mars 2008

Un Cœur simple on the air


Vous pouvez écouter Marion Laine parler de son film et lire des extraits de Madame Bovary et de Un Cœur Simple, lors d'une rencontre au Salon du Livre organisée par Isabelle Rabineau au Lecteur Studio. Isabelle Rabineau qui écrit: "Sous la caméra de Marion Laine, les épisodes d'inerties légèrement instables et les grands mouvements imposants où les paysages affrontent violemment les corps alternent avec des tournoiements qui font vaciller les décors dans une folie touchée du doigt, tout en respectant l'envol d'un oiseau, puis frémissent au vu de l'orgasme d'une séquence encore plus charnelle, peau à peau." La voix, c'est .
Marion Laine passait également hier soir à l'émission L'Humeur Vagabonde, sur France Inter. La magie du podcast permet de l'écouter pendant une semaine ici.
Bon, je vous laisse vous préparer pour la séance de 14h. Gardez vos tickets, je ramasserai dans la journée.

mardi 25 mars 2008

Un cœur simple, côté presse


"Un Flaubert enflammé. Une interprétation violente et sensuelle du conte de Flaubert."
Rachel Granmangin dans le Magazine Littéraire

"Film admirable pavé de bonnes surprises. Excellent."
Anthony Palou dans le Figaro Magazine

"Un premier film extrêmement maîtrisé… deux excellentes actrices."
Juliette Cerf dans Regards


"Film subtil habité par un duo d'actrices inédit"
Thomas Baurez dans Studio

"Récit fiévreux, lyrique et passionnel… prestation étourdissante de
Sandrine Bonnaire… ronde des sentiments mise en images avec virtuosité
et énergie. Une réussite majeure."
Thierry Chèze dans Studio

"Une manière de diriger et de cadrer qui ne vous laisse jamais en paix."
Patrick Sourd dans Rendez-vous

"Fuyant les fioritures du film d'époque, la réalisatrice saisit avec
une force rare l'incandescence du don de soi et de l'amour pur.
Sandrine Bonnaire (...) trouve (...) un nouveau rôle à la hauteur de
son talent (...) et trouve en Marina Foïs une partenaire en or."
Olivier Pélisson dans allo-ciné

"Exigeant, ambitieux et méritoire, Un Cœur simple est donc un film à
voir et Marion Laine une cinéaste à suivre. Car si elle poursuit ainsi
et renouvelle ce qu'elle vient de faire, c'est le cinéma français qui a
de beaux jours devant lui."
Jean-Baptiste Guégan dans dvd-rama

lundi 24 mars 2008

Un cœur simple: c'est mercredi!


On sèche, on démissionne, on fait garder les enfants, on met son réveil, je veux pas savoir, on se débrouille, mais on va au cinéma voir Un cœur simple, le film de Marion Laine avec Sandrine Bonnaire et Marina Foïs, libre adaptation du conte éponyme de Flaubert.


En nourrissant le récit de Flaubert d'éléments extérieurs, empruntés tant à la correspondance de l'auteur qu'aux obsessions de la réalisatrice, l'austérité du roman vole en éclats pour laisser place à un récit fiévreux, lyrique et passionnel. La quête amoureuse jamais récompensée de son héroïne n'a, du coup, rien de pathétique. Son côté petit soldat ne renonçant jamais à donner de l'affection se révèle à la fois digne et bouleversant. (Thierry Chèze)

Fuyant les fioritures du film d'époque, la réalisatrice saisit avec une force rare l'incandescence du don de soi et de l'amour pur. Sandrine Bonnaire (...) trouve (...) un nouveau rôle à la hauteur de son talent (...) et trouve en Marina Foïs une partenaire en or. (Olivier Pélisson)

Exigeant, ambitieux et méritoire, Un Cœur simple est donc un film à voir et Marion Laine une cinéaste à suivre. Car si elle poursuit ainsi et renouvelle ce qu'elle vient de faire, c'est le cinéma français qui a de beaux jours devant lui. (Jean-Baptiste Guégan)

jeudi 20 mars 2008

La révolution des feuilles

Jeudi 27 mars 2008 à 19 heures
à la galerie Anatome, 38 rue Sedaine, 75011 Paris
métro Bréguet-Sabin ou Bastille

Rencontre avec Claro
À l'occasion de l'exposition
"Les plus beaux livres français de l'année 2007"

Finalement qu'est-ce qu'aimer les livres ? Leur sacrifie-t-on ses nuits pour leurs beautés ? Claro est auteur et traducteur, plutôt ami de "l'intraduisible". En partant de son expérience et de ses découvertes au sein des livres de Mark Z. Danielewski La maison des Feuilles et Ô Révolutions, il montre et raconte ces récits dont l'écriture inclut la composition typographique, phagocytant la question de leur forme.

Un livre est tout de même une drôle de chose. Peut-on imaginer qu'un autre lieu saurait être comme un livre ? Si c'était une maison, elle deviendrait infiniment plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un milieu soudain étrangement inquiétant, intime mais peut-être hostile, fascinant et déroutant, à explorer en aventurier perdu d'avance.

Peut-on imaginer un livre qui guérirait du parallélépipèdisme chronique, pour se faire tout simplement, et parfaitement, circulaire ? C'est impossible. Rond, un livre n'est plus reliable, ses pages ne tiennent plus ensemble. Ce n'est plus un livre. La quadrature du cercle. Essayons: la page de gauche et celle de droite se cherchent, se tournent et retournent en révolutions de 360 degrés, ou 69, une spirale Yin et Yang, Roméo et Juliette en accélération fatale. Ici encore, lecture n'est pas immobilité.

samedi 15 mars 2008

Dans la musette


Quelques lectures imminentes, coincées entre deux ou trois gros pavés étrangers tels que Theroux et Bolaño: Contes carnivores, de Bernard Quiriny (Seuil), dont le titre résonne de façon sympathique avec le titre de ce blog; 15 Serial Killers, de Harold Jaffe, traduit par François Happe et que publient les éditions Cambourakis (on reviendra là-dessus très bientôt); La Musique, de P.N.A. Handschin, chez Inventaire/Invention, qu'on a déjà envie de déclamer; Suicide, d'Edouard Levé, chez POL; Les Effacés, de Sylvain Coher, paru chez Argol; Constellation de Alain Lacroix, chez Quidam… Il y aussi le nouveau livre de Pierre Senges, qui ne devrait pas tarder à montrer le museau. Bref, de quoi tenir jusqu'à fin avril sans se découvrir d'un fil. On peut toujours relire aussi Un cœur simple, que Mille et une nuits réédite avec une photo du film en couverture et un texte de Marion Laine sur son travail d'adaptation…

Chut, on écrit!


Raymond Federman, de passage à Paris, lisait un extrait de son nouveau livre, Chut, paru ces jours-ci chez LaureLi. Ça se passait à la librairie Libralire, rue Saint-Maur, dans le onzième. Avant sa prestation, Federman, très en forme, nous a régalé d'une ou deux anecdotes, du temps où il déjeunait régulièrement avec Beckett, rue de la Gaieté, le grand Samuel lui donnant ce conseil "don't ever compromise your writing". Il a évoqué aussi son nez (le nez de Raymond, décrit dans cet autre livre, Mon corps en 9 parties, paru chez Al Dante) qui, me dit-il, le faisait rire chaque matin ; le roman The Alphabet Man, de Richard Grossman, qu'il connaît, qui paraîtra bientôt en Lot49; son succès en Allemagne; mais surtout, RF m'a expliqué que chaque fois qu'il se traduit (du français vers l'anglais), il modifie le texte, le laisse croître de l'intérieur, le phénomène d'expansion pouvant aller jusqu'à doubler le texte original. Ce qui nous a laissé rêveur…

mercredi 12 mars 2008

Le gueuloir électronique


"On peut lire sur un blog la chronique nerveuse ou énervée de nos vies dans la tension particulière de chaque jour" (Eric Chevillard). Sur le site du contre-journal de Libération, quelques réflexions et témoignages sur les blogs littéraires, par neuf écrivains, dont Laure Limongi, Eric Chevillard, François Bon, et votre serviteur. Un certain François Monti est cité… ainsi que le délicieux crémeux… "

mardi 11 mars 2008

Salon du Livre: la vérité rien que


Le Enième salon du livre va ouvrir ses portes et certains se demandent peut-être à quoi bon. La réponse est simple et bifide. Il y a le côté, disons, négatif: pas le droit de fumer, des sandwiches au prix SNCF, des gueules d'écrivains qu'on préférerait invisibles sous une housse en plastique, des stands si déprimants qu'on a envie soudain de se passionner pour Marcel Bouchetro, poète auvergnat vantant les laves pétrifiées de son désir. Mais bon. Le Salon du Livre, c'est surtout le hasard à la portée du caniche qu'on veut bien, un soir ou un jour, redevenir. Le livre qui vous saute à la gorge, taquiné chez Quidam ou Laureli, tirant sur sa laisse chez POL ou aboyant jovialement chez Verticales, l'opuscule "untamed"qui jaillit de l'antre Al Dante, le cabot furieux qui vous mord le mollet devant le stand Inculte. Et puis des rencontres, comme dans un hangar devenu bar où soudain on vendrait, sans trop savoir pourquoi, des livres. Des lecteurs qui vous demandent de signer autre chose que votre arrêt de publier. Des libraires qui lévitent en vous parlant. Des bibliothécaires qui osent. Des enfants qui cueillent les catalogues comme des prunes indispensables. Des barbons académiés qu'on salue d'un doigt d'honneur. On sent que le salon de l'agriculture a laissé quelques souvenirs genetico-indissolubles. C'est une fête foraine qui frôle le branché, mais dont le courant, quand même, passe. Ça fait plus de vingt ans que j'y vais et j'y retrouve des faciès qui me plaisent, des despérados du papier qui s'accrochent, des barons de l'imprimé qui savent encore sourire. Ce n'est pas une partouze, ce n'est pas une boîte of night, c'est jute un ramassis de bons moments, traversés de vents vides, de sottes stars signantes venus singer leur leur retraite, de journalistes blanchis par leur auto-mémoires guère tamponneuses, d'actrices paraphant leur émotions vendables… Mais bon, c'est le seul endroit où on peut marcher sur les pieds d'Yves Pagès tandis que Régis Jauffret vous explique qu'il a croisé Florian Zeller en train de parler capilliculture avec BHL devant le stand des éditions du CNRS. Voilà pourquoi personne ne s'est jamais suicidé au salon du livre. Tout le monde attend le lendemain pour considérer la chose. Quant au boycott d'Israël, je n'aurais qu'une seule conclusion: salaam shalom. Nazim Hikmet Primo Levi Franz Kafka Omar Khayam. L'Etat n'est pas l'étant. Je suis, si ma mémoire m'a à la bonne, juif par mes lectures et arabe par mes lectures. Mes ancêtres pied-noir m'ont enseigné le mépris du bougnoule et mon ascendance m'a mis en garde contre les comploteurs youtres. Du coup, je vote métèque. J'évite le gaulliste comme la peste. Du coup, j'ai vu, et vois, rouge. Ma femme est d'or et de mercure chantant. Mes enfants tous abyssiniens et rimbaldiens malgré eux. Je n'aspire qu'à disparaître dans votre oubli régionalement correct. Le salon, je ne sais pas, mais les livres, oui. En plus, certains offrent l'apparence d'un pavé. N'en jetez plus? Oh que si.

Libé Ecrit Vain


A ne pas rater, jeudi 13 mars, un Libération spécial écrivains, auquel j'ai apporté ma très sérieuse et minime collaboration (entre autres, le "billet d'humeur" du cahier livres + deux articles dans le "contre-journal" dirigé par l'excellente Laure Limongi pour l'occasion). On peut toujours rêver, un jour, d'un numéro spécial de la Revue du Rail réalisé uniquement par des vaches…

La Suisse au fond des oreilles


14 Mars 2008
10h30

Je serai l'invité de Couleur 3, émission en duplex de la Radio Suisse Romande pour parler de Madman Bovary.

vendredi 7 mars 2008

Chut, il va lire


Raymond Federman signera CHUT
publié chez LaureLi
et en lira des extraits
à la librairie LIBRALIRE
le vendredi 14 mars à 19 heures



Libralire – 116 rue Saint-Maur –
75011 Paris, métro Parmentier


"Juillet 1942, rafle du Vél d’Hiv’. On frappe à la porte de la famille Federman, rue Louis Rolland, à Montrouge, pour déporter Marguerite Federman, Simon Federman, Sarah Federman, Jacqueline Federman, Raymond Federman. Mais la mère dit aux policiers : « il n’est pas là, il est à la campagne ». Elle a eu le réflexe de le cacher dans le cabinet de débarras en les entendant monter les escaliers et lui glissant « chut » en guise de parole d’adieu. Raymond, plongé dans le noir et la peur, voit donc sa famille disparaître brutalement, se noyer dans la grande Histoire tandis qu’il a toute une vie, une vie de miraculée, pour se demander pourquoi sa mère l’a sauvé, lui, et pas ses sœurs, et ce que signifiait ce laconique « chut ».

Raymond Federman tente de faire revivre sa famille en racontant une enfance que sa mémoire a longtemps occultée. Par bribes de souvenir et reconstruction par l’imaginaire d’épisodes oubliés à jamais, il célèbre la mémoire des gens qu’il a aimé avec des mots simples, sans sentimentalisme ni ostentation. Il retrouve la vision naïve d’un enfant qui vit des anecdotes tantôt cruelles, tantôt cocasses, dans une famille modeste que la guerre va bientôt anéantir. Comme dans les autre romans de Federman, il s’agit également de « surfiction ». D’un roman qui interroge le roman. Le narrateur est donc doublé d’une seconde voix qui l’interpelle sans cesse quand il trouve qu’on sombre dans le naturalisme mièvre ou le misérabilisme. C’est la tension entre ces deux narrateurs – le même, dédoublé – qui fait toute l’originalité de ce roman. C’est à la fois un témoignage précieux sur la guerre et un roman qui ne cesse d’interroger lui-même sa progression, qui joue des digressions et des effets d’attente avec le lecteur, en rappelant que tout ceci n’est que littérature – et pas la retranscription fidèle de souvenirs qui se sont effacés pour la plupart après ce traumatisme."

jeudi 6 mars 2008

Around Flaubert


Le jeudi 17 avril 2008 au soir, la librairie Le Comptoir des Mots (75020), recevra Claro et Marion Laine pour une soirée / lecture / projo à l'occasion de la sortie du Madman Bovary de l'un et du Cœur simple de l'autre. Il y a fort à parier que les auteurs repartiront ensemble…

Madman B. vu par la presse


La palme revient sans conteste à la Quinzaine Littéraire qui, sous la plume d'une certaine Agnès Vaquin, consacre un article débutant débutant [sic] par cette édifiante information: "Claro délaisse à l'occasion le roman policier pour s'occuper d'autre chose." Ça ne s'invente pas. "S'occuper d'autre chose": la beauté et la précision technique de la formule me laissent tout pantois, et comme chandlérisé par derrière si je puis dire. Onze livres et soixante-dix traductions pour apprendre que j'évoluais dans le "noir". Et par la Quinzaine Littéraire! Mince alors… Et moi qui croyais qu'il fallait surtout se méfier du grand méchant Wiki! Faudrait quand même pas qu'on se retrouve un jour avec des trucs du genre : "Philippe Sollers délaisse les colonnes du Journal du Dimanche pour faire pas tout à fait la même chose"… En attendant, ça buzz ici.

Un Cœur simple

Plus d'infos sur ce film

Et aussi un entretien, ici.

mercredi 5 mars 2008

Traduction et Bovaryations


François Bon me fait l'amitié de mettre en ligne sur son site quelques-uns de mes textes sur le travail de la traduction, qu'il accompagne entre autres de cette interrogation/réponse : "Et peut-être la question est-elle plus cruciale pour notre langue, qui se réinvente à chaque traduction, en réinventant ses grandes traductions, alors que des langues toutes voisines peuvent se contenter d’avoir établi une fois un texte pour n’y plus revenir ?"
Il évoque également, sous le titre facétieux "Claro tourne un film : Homais, le retour", la posture du pharmacien à l'heure du bilan don-quichottesque…

mardi 4 mars 2008

Coulée douce vs. Tranché net (extrait)


A peu de choses près, nous touchions au but, deux doigts profondément enfoncés dans un orifice bordé d’enseignes aussi lumineuses qu’inquiétantes, à nos revers épinglée la carte de membre : rouge sang, gonflée, veinée d’un code barre vicié. Je voulais le beau et le bon voyage et toi tu rêvais l’avancée certaine ou bien était-ce le contraire ? nous ne le saurons jamais, nous sommes sortis, par derrière et par devant, simultanément, expulsés des officines et des coffres et des soutes, limogés comme des patrons d’eux-mêmes au pire du trottoir, sans un euro pour décorer la coupe jamais pleine de nos courtes quêtes – à quoi bon ? Le temps nous a pris à défaut. Des pensées que nous pensions à peu près pensées s’installaient à leur propre compte dans des zones off-shore, hors de portée de notre entendement articulé comme ces pinces à peluches qui dans les foires miment l’espoir du prolétariat face à la mousse mutique des nantis, derrière des vitres qu’on n’oserait briser de peur de déclencher un chant de sirène insupportable.

Un cœur simple: bande-annonce, extraits


C'est en ligne sur le site commeaucinema.fr, ici.
Vous trouverez la bande-annonce ainsi que deux extraits.
Enjoy!