mercredi 28 mai 2008

Hélène Bessette - the Best

Bon, faut l'avouer, en 65 on avait trois ans, alors forcément à l'époque, Bessette, on a zappé, raté, manqué, pas vu pas lu. Heureusement il y a LaureLi, la collection de Laure Limongi. Du coup, on découvre. Mea culpa, je m'y mets sur le tard. Suite Suisse, qui vient de paraître, croix blanche sur fond rouge, est une tentative retour chariot (comprenez, en vers, c-d-d en prose "heurt indescriptible d'avortements" [Artaud]) pour narrer l'odyssée helvète de la môme LN. L'étoile neutre est d'emblée placée sous une autre, celle de l'échec à répétitions, de la non-intégration essuyée et maculée. C'est quoi, l'écriture Bessette, ici: une liberté qui se méfie de l'élégance et s'en va ronger l'ongle grammairien, ça taille et tranche, ça se bloque et ça fuse, ça limine et stase, ça porte l'eau prosodique à des degrés de simplicités proprement bouillantissime. L'air de rien, de rejet en coupe, Hélène Bessette double Hugo et emboîte le pas à Arno Schmidt, créant une scansion unique, qui se lit à voix haute et se claquette au bout des doigts. Ça serait opublié aujourd'hui, ça paraîtrait chez LaureLi. On lit, médusé, et on se dit: rhabillons-nous, cette femme sait tout de l'écriture. C'est, non seulement, malin magnifique mitonné, mais ça va où ça veut quand ça veut. Le genre d'auteur, tu en lis trois lignes, tu achètes tout, blind. Parce que Bessette manie la ponctuation comme un Mannlicher. Parce que la guerre est passé deux fois par elle (elle est née en 18, si je ne m'abuse), et morte en 2000. Roman poétique? Plus que ça. Alchimie poétique (le bobo-slam peut aller se rhabiller). Et personne, mais alors ce qui s'appelle personne, ne faisait "ça" à son époque. Même pas Queneau. Rarement vu une assurance pareille dans le coulé du phrasé – au prix, sûrement, d'odieuses tergiversations intérieures, d'apnées maudites. Un auteur oublié qui devient un rendez-vous. On s'y rend, justement, nécessairement. Comme il est dit page 183: "Qu'à cela ne tienne". C'est paru le 15 mai, alors n'attendez pas Noël. Merci LaureLi. Give me more…

2 commentaires:

  1. Merci msieur, je n'y manquerai pas !

    RépondreSupprimer
  2. C'est gentil de publier et faire connaître quelques livres de Bessette .. mais pourquoi publier au compte-gouttes une oeuvre qui développe des idées ? Pourquoi des post-face ridicules quand l'auteur moquait les commentaires et les critiques littéraires ? Pourquoi diable écrire une biographie, quand l'oeuvre est une autobiographie poétique très détaillée, choisissant de relater certaines choses et pas d'autres ? Pourquoi insister sur la pauvreté et la "paranoïa" de l'auteur ?

    http://omfg.over-blog.fr/article-21833954.html

    RépondreSupprimer