vendredi 31 août 2007

Bush: la peau du cul



Bush comme vous ne l’aviez jamais vu. Cette représentation du président des Etats-Unis est l’œuvre de Jonathan Yeo , un peintre anglais déjà auteur de portraits du magnat des médias Rupert Murdoch ou de l’acteur Dennis Hopper.

Mais regardez de plus près le visage : il est constitué de fragments de peaux humaines et, plus précisément, d’anus et autre organes génitaux découpés dans des magazines pornos. A la commissure des lèvres de Bush, le visage d’une fille à deux doigts de l’orgasme s’inscrit dans le sillon de la ride du sourire (à droite). Et dans son oreille gauche, une autre fait une fellation à un sexe en érection. 

Le collage a choqué la Maison Blanche: «c’est vraiment de mauvais goût. Pourquoi faire un portrait de notre président à partir de matériel pornographique?» 

Qu’on ne s’étonne pas si l’oeuvre ne rentre pas au panthéon des portraits officiels des présidents américains.

( AA)

jeudi 30 août 2007

Pressons la presse


Jeudi chargé pour Vollmann et Danielewski… Côté OR, on peut aller voir du côté de Libération (http://www.liberation.fr/culture/livre/275048.FR.php), mais aussi du Magazine Littéraire, de Lire, de Chronicart (huit pages!)… Côté Bill, c'est la grande salve: le Figaro (http://www.lefigaro.fr/litteraire/20070830.FIG000000315_destinations_danger.html), Lire (deux papiers, un "pour" de Baptiste Liger; un "contre", débilissime, de André Clavel); Le Magazine Littéraire (entretien), Le Point (un beau papier intitulé "l'événement vollmann: http://www.lepoint.fr/content/litterature/article?id=198381), toujours Chronicart… Pour Télérama, faudra attendre le 5 septembre. On guette aussi Transfuge. Et pour se délecter le soir, ma foi, on relit "Fire the bastards" de Jack Green. Et aussi "Malacarne", aux allusifs of course.

La grande peur de l'an 2007


Le Figaro a trouvé ce titre pour un de ses articles sur les criminels sexuels: "Près de cent prédateurs libérés chaque année". Certes, je n'ai aucune envie de me retrouver face à face avec un délinquant sexuel, mais ai-je vraiment envie de me retrouver face au mot "prédateur" ? A lire l'article, on découvre que ce terme est utilisé par un magistrat anonyme, mais bon, il est repris dans le titre, donc… Et le plus fort, c'est que dans le titre, le mot sexe n'apparaît pas. Il faut dire que "prédateur", c'est déjà assez fort, pas la peine de dévoiler tout de suite la nature de leurs proies. Well. Je pense que Michel Foucault, s'il était encore de ce vil monde, aurait esquissé un petit sourire en lisant l'article du Figarou… pardou du Figaro. Heureusement que ce ne sont que des mots, un peu comme "karcher" et d'autres. Vont peut-être nous inventer un pesticide anti-pédophile, à Argenteuil… parfumé au Fig?

mardi 28 août 2007

Le mot du jour


Chlorure de didecyl dimethyl ammonium.

Une suggestion: glissez-en quelques molécules dans les parfums de luxe, vaporisez les bords de Seine – et les riches arrêteront de s'endormir bourrés sous les ponts.

lundi 27 août 2007

S'y retrouver


Il paraît qu'il paraît 727 livres, là, tout de suite, maintenant. Est-ce trop? Si ça l'est, il faudrait fixer un seuil à partir duquel ça le devient et en deça duquel ça ne l'est pas encore. 523? 245? Ou 726? Hum. La grande question que posent les journaux (ils adorent se poser à eux-mêmes des questions), c'est: comment s'y retrouver? Parce que, vous l'imaginez bien, le lecteur, dès le 23 août, se demande: bon, ben, qu'est-ce que je vais lire? Entendez: dans ce qui sort, pas dans ce qui reste ou rentre. Comme si, en réponse à une abondance purement circonstancielle, l'œil devait s'entraîner à trier, lui qui a déjà du mal à lire, ou relire, ou dé-lire (dé-lire: oublier certaines lectures proprement navrantes). Apparemment, il y aurait une méthode souveraine pour se retrouver dans les choix d'une lecture qui, le crus-je, avait pour fonction de se perdre, mais bon, passons. La méthode, donc, consiste à écouter les conseils d'une presse prescriptive (ou prescriptrice, ça dépend du degré d'orthographe des médias). Mouais. Si l'on s'y fie, le fit-on, c'est simple: les éditos de tous les canards ont dû s'entreniquer dans la même mare, car tous nous conseillent les mêmes mous nénuphars à mâcher. Après recensement, on constate que la môme média attire notre attention et notre visa sur dix ou quinze bouquins, toujours les mêmes, bons ou pas bons peu importe, mais tous obéissant à un critère de plus en plus saisonnier, critère établi au nom du fucking principe de réalité et du fait qu'après des élections à la con vaudrait mieux savoir écrire le mot "réel". Donc, les livres-à-lire en cette rentrée ont la particularité (ah! ah!) d'émarger au registre du réel. C'est que LCI.fr, par exemple à la con, appelle "les grandes tendances" (ça change des petites vogues, des engouements moyens, des modes passagères…) Ces tendances seraient: l'actualité et la marche du monde. On notera la perversité basique de l'exercice. Uno: vous dégagez des tendances qui sont les vôtres; deuxio, vous cherchez les bouquins qui vous permettront de faire un papier de société estampillé culture. Parce que, hein, LCI.fr, ou même rue89, ils pourraient jouer un autre jeu et dire: Messieurs mesdames, cette année, deux grosses tendances: l'ingéniosité langagière et l'audace structurelle. Après, hop, on lit on lit on lit, et je suis sûr qu'on trouve parmi nos 727 ouvrages plus de quinze audacieux de la littérature. Mais non. Hors de question de parler ainsi de quelque chose qui se veut "actualité". Vous imaginez: alors cette année une fois de plus on constate que les livres s'occupent essentiellement de langage, et on lira donc Foucard, Jauffret, Volodine, Guyotat, etc. Faut pas rêver.
Pour ne pas se perdre dans le semoule fictionnelle, quelques mots clés nous sont obligemmant fournis: enfant DCD (3 titres au moins), nicolas, classe moyenne, Sangatte, Aubenas, monde ultra-sécurisé… Bref, la presse nous dit qu'on ne parle que d'eux et qu'elle, la presse, parle du fait qu'on ne parle que d'eux, puisque d'eux on parle. Ah? Oui. C'est comme ça.
Il existe, à ma connaissance, au moins deux autres méthodes.
On rentre dans une librairie, et on demande au libraire qu'on connaît, et qui vous connaît, ce qu'on pourrait bien lire. Le libraire n'a aucun intérêt à vous refiler Yasmina Reza si vous lui dites que vous avez adoré "Malacarne", paru aux allusifs (en plus, il y a de fortes chances pour qu'il ait lu ledit "Malacarne" et pas le "Nique-la, Reza"). Autre méthode, vous vous promenez entre les tables et les rayons, vous admirez les couvertures, vous tripotez les quatrième de couverture, vous feuilletez, lisez. Au pire, vous achèterez un livre sorti avant juin, on s'en remet très vite. C'est fou, mais ça paraît super simple. Il existe d'autres méthodes, bien sûr: surfer sur quelques blogs cousins et prendre des notes, faire des listes. Ou aller bouffer chez un pote et le questionner sur ces piles qui vacillent près de son canapé. On peut aussi écrire, mais ça prend plus de temps.
Le problème avec la presse établie, c'est qu'elle vous donne très vite envie de ne pas lire des bouquins qui sont peut-être bons. En général, je me méfie des articles 10-Ti-Rambiques qui ne citent pas une seule ligne, ou alors un truc du genre :"Il n'avait d'yeux que pour les siens". En revanche, j'adore les résumés exaltés qui me semblent, mais j'ai mauvais esprit, un gag glissé dans la gangue gâteuse. Mon préféré de la semaine est celui-ci, je vous laisse le soin de l'identifier (si ça se trouve c'est un chef d'œuvre, mais bon, rire n'est jamais mauvais à la santé):
"Ce premier roman de XXX recèle, sourdement, une rare violence: celle d'une passion unilatérale. En effet, une infirmière lilloise s'éprend d'un photographe parisien. Tout, a priori, sépare cette fille de mineur et ce bel aventurier. Il l'ensorcelle, la rudoie mais, pour la première fois, elle découvre le plaisir dans ses bras. Leurs affrontements sexuels exaltent cette femme secrète dont on découvre, peu à peu, le douloureux passé. Désir, pulsion de mort… XXX traque le vertige de son héroïne jusqu'au moment de la chute… définitive." Putain, si c'est pas beau, ça! C'est le genre d'article que j'ai envie d'apprendre par cœur et de customiser au cas où je serais un jour contraint de me recycler dans la CritickLit. J'ADORE! Surtout le "dont on découvre, peu à peu, le douloureux passé". Ce "peu à peu" me ravit, m'ensorcelle, me rudoie. J'ai presque envie d'aller vivre à Lille. Je godille aussi beaucoup sur le "recèle, sourdement, une rare violence". Recéler sourdement: mieux qu'un programme: un challenge!
Bref, lire la presse en quête de recommandations est un exercice aussi laborieux que de parrainer la masturbation d'un manchot. On est sûr et certain de se farcir les inévitables "les débutants ne sont pas en reste", "on retrouvera bien sûr", "une rentrée sans X ne serait pas une rentrée", "qui risque de faire parler de lui/d'elle", "une plongée dans", "une radiographie de", "s'attaque à" — toutes expressions qu'on pourrait traduire par: "me mâche le boulot".
J'ai découvert également il y a peu qu'il existait sur le net une propagande, pardon, une promotion littéraire. Par exemple, on peut aller sur le site de léo scheer tv pour voir et entendre Nathalie Reims. Si vous êtes seul devant une assiette de nouilles froides et que vous n'avez pas vraiment envie de zapper sur Chasse et Pêche, allez voir ce ClipLit. Vous aurez l'impression d'avoir forcé sur le narghilé et très vite vous ricanerez comme un nain de jardin qu'aurait poussé à l'ombre d'un champignon hallucinogène: le ridicule ne tue plus, il écrit et se fait filmer. A qualité égale, je ne connais pour l'instant qu'une version turque du "Magicien d'Oz".
Demain, nous parlerons d'importance du thème du poil dans l'œuvre de Huysmans. Bonsoir et aussi chez vous.

vendredi 24 août 2007

Vive les blondino (et happy werner)



On dévore actuellement le très jubilant "Le Grand Blondino", de Sture Dahlstöm, paru là maintenant tout de suite au Serpent à Plumes, que fait revivre superbement la talentueuse éditrice Nathalie Fiszman. Du coup, on en a oublié d'acheter le Pingeot, qui pourtant a l'air d'en connaître un rayon (une clayette?) côté conservation. On fera sûrement un tour du côté Volodine. Et on conseille le fringant ovni suivant: "Infabula", d'Emmanuel Werner, paru y a peu à l'Atalante: une chute calibrée dans la mémoire du faux.

jeudi 23 août 2007

Day One


J'adore les jeudis. Même si c'est pour découvrir que Libération n'a plus de cahier Livres, que le Figaro Littéraire publie un inédit de Saint-Exupéry et que Le Monde croit intéressante la polémique Darrieussecq/Laurens (à ce propos, j'ai parlé de la mort d'un enfant dans un roman publié il y a un bail, "Eloge de la vache folle" - vu que j'ai jamais perdu d'enfant, pourquoi c'est-y pas qu'on m'accuse de plagiat? Faut que ça se vende à combien pour susciter les suspicions?). Passons. Car le jeudi tout est permis. Comme d'aller faire un tour à la librairie Atout-Livre, dans le XIIème arrondissement de Paris, laquelle vous accueille avec le sourire, vous fait visiter ses étals comme dans un bazar magique – puis, hop, le patron, le grand et déliceux Jérôme, vous invite à déjeuner, on cause de tout, c'est tranquille, la pluie tombe avec une obstination qui désaltère. On achète un livre ou deux, qu'on choisit comme ces tomates hyperboliques que sont les cœur-de-bœuf (deux fois deux e dans l'o!), qu'on lira demain, ou dans deux ans, peu importe, la péremption n'est pas de mise en ce royaume. Puis on rentre, on pianote l'organet, hop, tiens, dernieremarge est le premier à offrir un beau et concis début d'analyse sur le roman de Danieleweski, "O Révolutions" (clique le lien, ô surfeur). Et pendant ce temps, quelque part, un écrivain dont on ne sait rien est en train d'écrire la première page d'un livre qui changera la vie d'une ou mille personnes. Il est peut-être serbe, peut-être habite-t-il en Turquie, si ça se trouve c'est ton voisin (mais ne rêve pas trop). On prend son temps. On fait des piles avec les livres des Allusifs. On soupèse un Infante. On taquine du doigt le dos d'un Proust. On est à deux doigts de relire "Le Grand Meaulnes", c'est pour dire. On fume une fumer-tue. Le soir tombe. La journée ne fait que commencer, en somme.

Lectures d'aout finissant…


Littérature étrangère:
Ben Lerner: Angle of Yaw (Copper Canyon Press, 2006)
Vanessa Place : "Dies: A Sentence" (Les Figues Pres/Los Angeles, 2005)
Osman Lins: "Avalovara" (traduit du portugais par Gregory Rabassa/University of Texas Press)
Steve Katz: Saw (Knopf, 1972)
Vladimir Tasic: "Cadeau d'adieu" (traduit du serbe par Gabriel Iaculli & Gojko Lukic/ Les Allusifs)
Edny Blyton: "Noddy in Toy-Land"

Littérature française:
Olivia Rosenthal: "On n'est pas là pour dispararaître" (Verticales)

mercredi 22 août 2007

Heather la Rouge


L'intérêt des journalistes littéraires, c'est qu'ils vous font découvrir des livres que vous pensiez connaître sous un nouvel angle. Ainsi, grâce à l'œil involuté et sagace de l'ami G@rp, je me penche sur un papier que consacrent les Introducktibles à "O Convolutions", de Jack O. Rapielewsky [?], j'apprends que l'adolescente de 16 ans s'appelle en fait Heather, et non Hailey, comme je l'ai cru naïvement pendant près d'un an et demi. Je découvre également avec stupeur & faction que les "o" sont en rouge – je prends rv chez l'opticien. Ce n'est pas tout: il existerait un bloc de texte consacré à l'histoire américaine – et moi qui m'étais convaincu que l'histoire mondiale y était également traité! Allez, une petite pensée pour Alphonse Allais, qui disait, facétieux: "Si on se mettait à composer les journaux avec de seules véracités, ils tomberaient du coup au format de la feuille de papier à cigarette."

mardi 21 août 2007

Rentrée


"Travailler, travailler… Encore faut-il avoir le temps!" (Jacques Dutronc)

On a longtemps hésité. Les épreuves du Reza? Le nouveau Olivier Adam? Besson? Nothomb? Finalement, on a lu "Holocaust" de Reznikoff. Comme quoi, choisir ses lectures est plus facile qu'on le croit.

mercredi 15 août 2007

Hail to the Boss



[Article paru dans Le Monde du 31/07/07]

Passeur ? Hmm... Tout bien considéré, l'idée n'emballe pas Brice Matthieussent. Dans le cadre d'une série sur la question, la rencontre avec un traducteur semblait pourtant tomber sous le sens. Logique. A vue de nez, son oeuvre tient justement dans cette opération miraculeuse - quand elle est réussie - de glissement d'une langue et d'une culture vers une autre.



D'autant que ce grand spécialiste de la littérature américaine, auteur de quelque deux cents traductions depuis les années 1970 et enseignant à la Sorbonne, illustre le concept à la perfection : grâce à lui, de très puissants écrivains comme Jim Harrison, Paul Bowles, Bret Easton Ellis ou, plus récemment, Robert McLiam Wilson et William T. Vollmann, sont "passés" de l'anglais au français, devenant un beau jour lisibles par qui n'aurait jamais pu les connaître autrement.

[lire la suite en cliquant sur le lien]

Inculte


• Inculte #14 (nouvelle formule), fin octobre 2007. Inclus, supplément couleur détachable inédit par Mark Z. Danielewski (24 pages, format affiche).

23 aout: watch out…