jeudi 20 septembre 2007

De la difficulté de ne pas être pop


Quand je vois une couverture de Strange hors série je deviens tout chose; quand j'entends une bribe de The Pet Sounds j'entends la houle; quand Dorothy fait part à Toto de son inquiétude de n'être plus au Kansas, je serre le coussin du canapé; quand je me rappelle que j'ai triché pour voir Orange mécanique au cinéma je glousse; quand par erreur je trempe mes lèvres dans un whiskey-coca je me dis que ça fait longtemps que je ne suis pas allé dans une boîte; quand ma mère me téléphone en rêve pour me dire, bien que morte, que le proviseur du lycée trouve étrange que je sèche autant, je fume en douce; quand je reçois sur le dos de la main une goutte de cire, je pense à des trucs un peu limite; quand je relis Balzac j'ai l'impression de décrocher mon premier rencard; quand je lis Lenz je vois le profil d'aigle de Deleuze; quand ma fille lit Marx je repense aux couvertures rouge et blanc des éditions sociales; quand Pif ressort je ne comprends toujours pas pourquoi je n'ai pas gagné, trente-cinq ans plus tôt, ce fameux voyage aux Baléares que ce magazine coco m'avait fait miroiter; quand je tape sur le clavier de mon ordi je revois le trou dans la table en bois de la table d'école où c'est qu'on trempait la plume pour écrire sous l'œil du sergent Major; quand j'écoute les Beatles je me demande à quelle heure je commence demain — vague impression de vieillir… Mais: Mais: Mais: quand je me convoque, m'insurge et me dis, après un effort gros comme les parties génitales d'une cacahuète atteinte de nanisme que je dois, dois, dois, dois, écrire, j'ai juste envie de m'évader de la Maternelle-Isidore-Lautréamont et de tenter le tout pour le tout, comme ça, pour rien, parce que si ça se trouve, au bistro Antoine-Volodine de la rue Pierre Guyotat, à Artaud-sur-Genet, je vais retrouver quelques potes, tous aveugles, tous sourds, mais tous sacrément partant pour une virée divergente. Ouais, dès fois c'est comme ça. Comprenne qui s'en foutra.

10 commentaires:

  1. Hmmm... ces états d'âmes laissent entrevoir un age auquel je dois le respect, sans nul doute. Respect.

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  2. J'ai eu une expérience similaire avec le whisky-coca y'a pas très longtemps... en moins de deux gorgées me suis retrouvé en chemise blanche, entouré de types s'appellant Ben, Jean-Phi, Patou... tous en jean uuultra moulant, mèche folle & cul au vent: le merdier, quoi.

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  3. Moi ça serait plutôt côté Strange. Un peu trop jeune pour avoir été fan, je me suis retrouvé cependant en possession du n°2 par l'intermédiaire d'une grand-mère aux tiroirs incroyables. Je crois que mon frère en avait par la suite gribouillé la plupart des pages... dommage.

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  4. Whôah, Strange! Toute mon enfance aussi! Mes rayonnages abritent toute une collection de Marvel Comics : une petite série de Strange des années 1985 héritée de mon frère aîné, une plus grosse série de Strange des années 1990-1991 (avec encore à l'époque des super-héros communistes!), et quelques Spidey et Nova (si ces titres disent encore quelque chose à quelqu'un...), sans oublier quelques X-Men Saga, mythiques rééditions de l'âge d'or Byrne-Claremont.
    Il y a trois ou quatre ans, j'avais recommencé à en acheter, mais j'ai vite arrêté parce que, 1) c'était trés cher, 2) ça n'avait hélas plus du tout le même charme.

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  5. moolz, touche pas à l'âge de mon pote, steplè ! * rire *
    Mais j'aperçois certains indices qui laissent à penser que Pedro doit être plus âgé, lui aussi, que sa Babel... ^_^

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  6. A propos :
    "The Echo Maker" : "La chambre d'écho" ?
    (Le problème en France, c'est que le plus souvent écho = Umberto E.)

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  7. Tiens, en parlant d'Eco, vient de sortir un livre sur la traduction chez Grasset.

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  8. Mais sur la photo... c'est lui... je le reconnais... Byron l'Ampoule !

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