jeudi 27 décembre 2007

Veuillez nous excuser pour cette interruption…


Petite pause d'une semaine over the rainbow… En attendant, enfilez-vous l'intégralité de Berlin Alexanderplatz de Fassbinder. 13 épisodes et un épilogue. Mieux que 24h Chrono, franchement.

lundi 24 décembre 2007

En 2008, serons nous Impurs ?


Une nouvelle revue annoncée pour janvier 08, avec au sommaire un portrait de Pynchon. On guette, donc. On sait juste que Pierre Jourde y écrit. Et que:

"IMPUR, revue trimestrielle publiée par les éditions ANTIPODOS, ouvre ses pages aux « littératures désinstallées » : récits d’exilés, d’expatriés, d’immigrés, paroles d’arpenteurs du monde, carnets de voyage. Les problématiques ethnoculturelles et/ou géopolitiques y sont également posées, sous forme d’analyses ou d’entretiens.

Le premier numéro sera disponible en librairie à partir de janvier 2008, incluant un dossier consacré au JAPON, et des textes de Pierre JOURDE, HIRANO Keiichiro, Laurent MARECHAUX, Agnès GIARD, Jean-Pierre THEOLIER, Menahem MACINA, Sarah VAJDA, etc..."

dimanche 23 décembre 2007

Consommer et mourir comme des porcs


"Un sanglier de 90 kg est rentré samedi dans un magasin la Halle aux vêtements en périphérie de Poitiers et a dû être abattu par les policiers après évacuation des lieux, a-t-on appris samedi auprès de la préfecture de la Vienne. L’animal a été tué d’une trentaine de balles, les armes de service des forces de l’ordre étant inadaptées à ce type d’intervention." (AFP)

samedi 22 décembre 2007

Adages


On ne se prive pas de communiquer.
Mais…
On ne communique pas sur le privé.
Mais…
On n'opprime pas les mickeys connus.
Mais…
On n'imprime que des menus coquets.
Mais…
On nique les vrp du communs.
Mais…

vendredi 21 décembre 2007

Pour Noël, offrez un bouffon


Il y a des gnomes sur cette terre qui mangent de tout. Leur politique est simple: attendre que les dents poussent, puis racler, puis acheter le plancher Autrefois nous avions des ennemis sains et francs que nous appelions des raclures. Aujourd'hui, il existe des schtroumpfs improbables. Pour vous, notre rédaction a localisé un spécimen particulièrement grotesque: Arash Derambarsh. Fils d'Assas, beau-frère des souteneurs de Bayrou, prêt à bosser pour Sarkozy, s'offrant le soutien de la fille Chirac, ce clown est emblématique de cette nouvelle France qui doit s'acheter un iPod juste pour voir si ça bouleverse les cours de la Bourse. Omni-râteliers, il nous oblige à nous demander si le ridicule, plutôt que tuer, ne se contenterait pas de fournir les cravates. Date de péremption: déjà demain.

Christian Bourgois













Trois souvenirs:
1973: J'ai 11 ans et je suis fan de Tarzan, j'achète La Machine Molle en 10:18, persuadé qu'il s'agit d'un bouquin d'Edgar Rice. Bascule.
1984: 22 ans. Mon premier Salon du Livre. Je veux acheter Les Cités de la nuit écarlate mais il me manque 2 francs. Bourgois himself m'offre le livre en collant une pastille dessus – je n'ai encore rien traduit, rien publié, et je suis loin de me douter que je traduirai un jour pour lui, quatorze ans plus tard.
1998: 36 ans. Grâce à Brice Matthieussent, un certain Vollmann va enfin être publié en France. Bourgois m'invite à dîner chez lui un soir… c'est Bill qui m'accueille sur le seuil.
(Lot49, 3 ans, se sent un peu seul aujourd'hui…)

jeudi 20 décembre 2007

Réflexion profonde


Si une grande marque devait sponsoriser les romanciers d'aujourd'hui, ce ne pourrait être que Lego.

Marx Back


Désespérer n'est plus de mise. Les éditions Gallmeister viennent d'acquérir les droits du second roman de Viken Berberian, Das Kapital. Parution prévue en janvier 09, dans le cadre d'une nouvelle collection intitulée Americana, en hommage au premier roman de De Lillo. C'est Herr Klaro qui s'y colle (après avoir compris in extremis que le titre faisait référence au seul roman allemand qui se termine bien).

Big Brother


"Garagiste français d'origine marocaine, Mohamed Zaidia reçu début décembre une lettre d'Orange, son fournisseur d'accès à Internet, lui indiquant de nouveaux identifiants de connexion. Son mot de passe: 'salearabe'. Et le courrier de conclure : 'Merci de votre confiance'. 'Cela a été un énorme choc', a-t-il expliqué au quotidien régional Sud-Ouest. D'après une porte-parole de la direction, 'les mots de passe sont normalement générés de façon aléatoire par la machine'. Ils ne peuvent être personnalisés qu'à la demande expresse du client. Dans le cas de Mohamed Zaidi, 'une intervention malveillante n'est évidemment pas à exclure'. " (Le Monde)


Eh bien, Big Brother, euh… comment dire? N'es-tu pas censé œuvrer un peu plus discrètement? Pas forcément des messages subliminaux ou de la propagande déguisé, mais, disons, un peu de doigté, ce genre-là? Parce que franchement, là, c'est, bon, oui, disons-le, ça fait pas dans la dentelle. Tu es bien Big Brother, au fait, hein? Parce que tu sais, si c'est pas toi, si tu essaies de te faire passer pour Big Brother mais que t'es aussi maladroit, où va-t-on? Hein? Ou c'est qu'on va? Tu t'imagines pas quand même que tu vas contrôler le monde par des 'interventions malveillantes […] pas à exclure'? Tu veux te faire démasquer ou quoi? N'importe quoi. Non mais. Condorange, va.

mercredi 19 décembre 2007

Place aux fous


Le vendredi 1er février 2008, je serai l'invité de l'émission "Place aux fous" sur Radio Libertaire, de 13h à 14h30, sur 84.9 fm. Je parlerai du temps qu'il ne fait pas, des invariants, de l'art de lacer ses chaussures avec les dents, du problème que pose tout problème, des animaux incapables de se reproduire sur un plateau télé, des fraises géantes du Guatémala, de l'importance du bénin, des valvules et des papilles, d'un anonyme célébré en son temps pour son boycott des annuaires, des méfaits de l'alcool en général mais pas en particulier, de Louison Bobet et de Robinson Crusoé, des récentes mésaventures de mon pied gauche, du refus d'entrer sous la Coupole considéré d'un point de vue purement géométrique, de la petite enfance des personnes âgées, des conditions dans lesquelles on peut avancer sans trop se tromper qu'on a lu un livre en entier, de tout le bien que je pense du prochain roman de Karl Marx, de Pynchon avec qui j'ai dîné pas plus tard qu'hier en rêve, du ridicule qu'il y a à traduire des livres écrits dans une autre langue, de mon lectorat retenu captif quelque part dans une cave de Bourgogne par des indépendantistes saumurois, de ma famille exterminée par le mildiou cérébral et les ongles incarnés, des sites pornos qu'il faut absolument consulter en cas d'angoisse de la page blanche (et de l'usage culinaire des penis enlarger qu'on achète tous les jours), des vases communicants entre Breton et Duprey, de Flaubert qui a écrit, je crois, Bouvard et Pécuchet, de mon intention de renoncer à Satan et ses Nike, bref, de tous ces sujets d'actualité qui brûlent les lèvres sans cicatriser nos attentes.

Gary Lutz


Gary Lutz’s past is a bit vague, which is how he likes it. He grew up in Allentown, Pennsylvania, and has lived much of his life outside Pittsburgh, where he builds tight, unusual stories in an unfurnished apartment. He studied with the highly respected editor and educator Gordon Lish “for twenty-six days between June 1992 and June 1997” and considers himself “fortunate just to have been present.” Under Lish, he developed a unique voice, using compression and aphorism to cohere narrative fragments into untraditionally beautiful shapes. His characters spend their time enduring the weight of everyday life, dwelling on the minutiae of their own neuroses. In a story titled “Slops,” a college professor with colitis maps out all the campus bathrooms in a small notebook. In another, a man passes out pamphlets and gives forty-five-minute presentations (with charts) in search of a prospective wife. Lutz labors at each meticulous sentence, word by word, to create a language of striking insight, peripheral emotions, and reinvented vocabulary.
Lutz has published two short-story collections—Stories in the Worst Way and I Looked Alive—both of which should be read by anyone even mildly interested in the capacity of language. He also edits fiction for the online experimental journal 5_Trope.

This conversation took place over the summer of 2005, with the help of many computers.

—Ross Simonini (extrait du Believer)

"My relationship to language hs never been a normal one, and neither has my approach to writing, because for me, the act of writing is a private, unnatural act and an inorganic process, not an organic one. And I fixate on the individual sentence, each of which, to me, is not an attempt to report on something in the world but instead is the result of a botched effort to create a durable object that embodies the very unintelligibility of the world. My fiction has its source in my limitations as a person—especially as a reader and as a learner—and in my sense that everything is wrong or unknowable or both. I remember reading with relief E.M. Cioran’s statement—and I may well have misread it—that one’s responsibility as a writer is to mobilize one’s defects. Because I’ve never really learned how to speak the language to my satisfaction, I’ve tried to stumble onto ways to make the language speak me. And because I have no aptitude for storytelling; because, as a consumer of fiction, I have a blind spot when it comes to plots and, without wanting to, tend to concentrate only on whatever is most peripheral in what I am reading, such as the punctuation, the drama in the commas, the surprises in where the commas make an appearance and where they do not; and because I am an incompetent observer or witness of progression, movement, continuity, and change in my life and in the lives of people I have known or whose passages I have been a party to; and because while others look at human behavior and see causes and effects or beginnings and endings, I have always seen just murk and opacity—for all these reasons I have not been able to write stories in the customary sense, and I often rationalize my incompetence by telling myself that movies and television are the best media for narration and that writing should attempt to give a consumer what a consumer cannot get from other media, namely instigated language, maddened language, language dishabituated from its ordinary doings, usual patterns and pathways, and workaday behaviors--language startled by itself. When I look back on my thick-headed life, there seem to be just a few formative experiences that perhaps explain why I write the way I do."

Retour sur Inversion


Fluctuat revient sur le cas Evenson et conseille d'offrir son roman Inversion à Noël:
"Inversion est le cadeau de Noël que vous devez faire si vous avez dans votre entourage des gens bien comme il faut trop rigides pour être honnêtes, des ados qui se demandent ce qu'ils pourraient faire pour devenir enfin anormaux ou des jeunes femmes qu'il vous intéresse de faire frissonner ou se demander si vous n'êtes pas (peut-être) un dangereux maniaque."
Vous pouvez également le lire pour savoir ce qu'il y a derrière le rideau…

(Inversion est traduit par Julie & Jean-René Etienne / Coll. Lot49-cherche midi éditeur)

Sarkozy/Bruni: déjà fini!


Le dream-couple à la rue! On vient de l'apprendre par un de nos envoyés spéciaux à Marne-la-Vallée: Disneyland-Paris ne renouvellera pas le CDD d'un jour signé avec Pluto Keurien & Carla Blanchnige. La parade nuptiale n'ayant rencontré qu'un succès limité, le duo ne pourra plus se produire dans le célèbre parc d'attractions. On se souvient de la même déconvenue subie il y a peu par l'Ours Poutine au Cirque de Moscou, et, encore plus récemment, par le Tigre Khadafi qui n'avait pas eu le droit de camper rue de la Banque. Décidément, les temps sont durs pour les intermittents du pestacle.

mardi 18 décembre 2007

Si Versailles m'était compté…


Lu dans le Figaro : "Pour Carla Bruni, compagne des intellectuels et des artistes…" Ah, Bernadette, que de produits dérivés on commet dans ton ombre… Si Ségolène tâte un jour du pouvoir, on lui conseille fortement Patrick Juvet. Il sait chanter, lui.

lundi 17 décembre 2007

Instructions inciviles




Daniel Foucard récidiviste: avec Civil (à paraître début janvier 08 chez LaureLi), l'auteur de Cold se paie la tête de la police au sens littéral, moyennant un dispositif redoutable. A peine la première page tournée nous voici dans le centre de formation de la police nationale. La tempête sous le képi peut commencer. Quelques jours pour sonder les motivations des candidats, évoquer les techniques d'arrestation, prendre le pouls de la loi. L'homme qui mène ce séminaire peu orthodoxe a des idées bien arrêtées, mais pas franchement menottées. Plus philosophe que maton, il répand quelques idées toxiques chez les bleus. Au début, les candidats ne sont pas très "réactifs". Mais à mesure que notre instructeur avance dans les méandres éthiques et politiques de sa conception de la loi et de ses modes d'application, les langues se délient, à défaut des cervelles. C'est Ubu-Cop. Qui nous apprend qu'un civil est un "client", qu'un policier a mission d'incarner "la liberté et la viabilité"… Face à des recrues cherchant à éponger leurs névroses dans le maniement de la matraque, l'Instructeur regorge de conseils. Dira-t-on qu'il dérape, usurpe, abuse ? C'est plus compliqué. Foucard, s'il génère chez le lecteur un ricanement nerveux, évite la gaudriole et la caricature, tout en les lorgnant dans sa mire parfaitement calibrée. Il travaille la matière malléable et ô combien loquace du malaise. Ses postulats ressemblent à des mines anti-personnelles. Son esprit d'escalier est pavé de savons. On laissera au lecteur le soin de découvrir les ressorts de cette farce à double ou triple détonation. Il y avait le "politiquement incorrect"; il y a maintenant le "subversivement incongru". C'est plus efficace et plus subtil.
Il y a une base incompressible de délits et c'est presque rassurant, la preuve qu'on conserve une marge d'initiative en tant que civil, fusse une initiative de merde. Cette base c'est un peu comme le plein emploi: à 5% de chômage, on crie victoire, à 5% de délits, on crie victoire.
La drogue, les trav, la syndicalisation des détenus, l'arrestation d'un ministre, l'effet de surprise de la violence, les communautés sexuelles… Comment interpeller un chien? survivre en milieu hostile? Et surtout, à quoi sert le papier-bulle quand on est trafiquant? Foucard au rapport!

samedi 15 décembre 2007

Fragment épique (1)


intercède ô Appétit-Néant
fais de moi l’instant d’après
le caméléon du voisin que j’écrase exprès
de mon pied afin de mieux
autrement
trépasser —
je te laisse juge et partie, substance et attribut
comme il conviendra à la tribu
puisque demeurer m’est sinon impossible
du moins déconseillé
mais fais, oui fais que jamais mon indice
ne soit
ce qu’il semble indiquer
fais, et quand fait ce sera,
ploie – je t’éradiquerai de mes dents de lait et ad patres enverrai toutes tes promesses
dont je n’ai que traire
qu’enfin je sois
au détriment de moi et de ses suppôts
ce petit rien qui pousse
le vaincu joyeux de notre débandade commune
le tiers inquiet
l’afflux
et si cela se peut la cruciale pastèque qui du trentième étage
s’en va percuter le trottoir
ce qu’il faut, en somme,
pour qu’échouer
tienne
dans / paume / fracassée

vendredi 14 décembre 2007

En janvier 08, LaureLi ouvre le bal



On en parle dès qu'on a lu, si possible avant la chute dans la cheminée du barbu. Mais on attend beaucoup du nouveau livre de Daniel Foucard, auteur de l'excellentissime Cold, paru précemment chez le même éditeur. Pour ceux qui ne connaissent pas, Laureli c'est Laure Limongi, éditrice & écrivain & pas mal d'autres choses qu'on vous laisse découvrir au gré de votre curiosité.

mardi 11 décembre 2007

Pendant ce temps, dans le gueuloir d'à côté…


Ce jeune garçon n'a aucune envie de lire le gros roman inscrit au programme de son cours de français. Flaubert d'ailleurs ne lui a rien demandé. Quant à Emma, lasse de son rôle, afin de complaire surtout à ce monde décidément dépourvu de passion, elle est résolue cette fois à avaler la dose d'arsenic fatale dès son entrée en scène, dans sa robe de mérinos bleu garnie de trois volants.
(Eric Chevillard)

lundi 10 décembre 2007

dimanche 9 décembre 2007

Les flux inattendus


Rares sont les livres qui se coltinent le langage de l'entreprise, plutôt que le mythique réel, pour s'en enivrer sèchement. Il y a quelques années, Yves Pagès nous avait donné Petites natures mortes au travail et Portraits crachés. Aujourd'hui, c'est Jérôme Mauche qui bouscule tout avec La Loi des rendements décroissants, publié dans la collection "Déplacements" que dirige, au Seuil, François Bon.
Composé de deux cent deux fragments, le livre de Mauche est une époustouflante "digération" du jargon des entreprises, non en vue de le seulement moquer, mais pour en tirer quelques sucs et leçons, éventuellement psycho-lubriques, et surtout embarquer le lecteur dans une expérience inédite, l'apprentissage d'une lecture stéréoscopique, où des lignes d'intensité a priori divergentes (le corps, la bouffe, etc / l'emploi, le fric, etc - pour over-simplifier), se coltinent et se bousculent, créant une poétique défiscalisée (!) qui semble relancer la donne mise en œuvre par un Rimbaud ou un Lautréamont. Ces "illuminations" d'un genre nouveau, dont la perpétuelle disjonction grammaticale évoque un corps soumis à des décharges en apparence bénignes, génèrent une vision, un ryhtme, un anti-discours délectable. Attifé en état des lieux strabismants, chaque paragraphe pousse un peu plus loin le bouchon de la dévotion au Kapital pour mieux hameçonner ses zélateurs contrits. Ces fornications entre parapluie affectif et machine à coudre entrepreunariale sur la table de dissection du savant Mauche, passé un premier bégaiement du lecteur qui se demande s'il va savoir lire non pas entre les lignes mais par dessus elles, sont hypnotisantes, contagieuses – savoir gai qui nous mord le cortex. Démonstration:
"Aussi ingérable pour l'heure qu'une potentielle reprise économique, le scolopendre file entre les piliers vivants et velus de ses mille pattes pour courir vers son être encore, lequel est de persévérer dans la piqûre, défensive bien sûr, mais plus malignement que la moindre guêpe qui meurt pour soi-disant survivre."

Comme il est dit très exactement et magnifiquement en quatrième de couverture: "Placer tout cela joyeusement sur une table d'autopsie, la com', Internet, la sécurité sociale et charger la barquer, si poésie s'ensuit."
Charger la barque, si poésie s'ensuit: programme ambitieux, ici tenu au-delà des espérances.

mercredi 5 décembre 2007

Un précédent à Radiohead ?


Les Poésies (I) d'Isidore Ducasse s'achèvent par cet avis:

"Cette publication permanente n'a pas de prix. Chaque souscripteur se fixe à lui-même sa souscription. Il ne donne, du reste, que ce qu'il veut.
Les personnes qui recevront les deux premières livraisons sont priées de ne pas les refuser, sous quelque prétexte que ce soit."

jeudi 29 novembre 2007

Pour le plaisir

Le doigt et la plume


Désormais, les enseignants vont devoir lever le doigt avant d'écrire:




Auparavant, certains cumuls d’activité étaient soient interdits, soit soumis à une autorisation préalable. Cependant, cela en concernait pas “la production d’oeuvres de l’esprit” (traduction : littérature, théâtre, poésie, mais aussi essais, articles, publication de travaux de recherche), qui s’exerçait “librement”* (voir chapitre IV, article 25, III, de la loi °83-634 du 13 juillet 1983).

Aujourd’hui les fonctionnaires doivent demander une autorisation préalable par voie hiérarchique pour produire “des oeuvres de l’esprit” donc pour écrire. (page 2/5)
Et le chef d’établissement donne son avis

On se demande à quoi a pu penser le génie qui, en haut lieu, a pondu cette circulaire qui tourne mal. A-t-il peur qu'un prof s'engraisse en publiant dans des revues ? Craint-il que la liberté d'expression se prenne pour ce qu'elle est? Le seul mot de "cumul" est une insulte au désir de foisonnement. N'y aurait-il pas d'autres cumuls plus inquiétants et autrement moins ragoûtants à stigmatiser? J'attends avec impatience qu'une circulaire me demande de choisir entre écrire et traduire. Ou, pourquoi pas, entre écrire et écrire. Peut-être devrions-nous envoyer une (scie) circulaire à nos élites pour leur demander, afin d'éviter le "cumul", de choisir entre gouverner et divaguer.
Levez le doigt plutôt que le poing, tel semble être le message subliminalement con que recèle cette pathétique injonction.

mardi 27 novembre 2007

Echo


"C’était un perroquet surdoué, vraiment prodigieux. Vous prononciez une seule fois devant lui une phrase longue et complexe et tout de suite il répétait j’allais le dire." (Eric Chevillard)

lundi 26 novembre 2007

Météo


• Le procureur de la République a requis dix-huit mois d'emprisonnement avec sursis contre Charles Pasqua, lundi 26 novembre. L'ancien ministre de l'intérieur doit répondre devant le tribunal correctionnel de Paris du financement illégal présumé de sa campagne pour les élections européennes de 1999. Il est également poursuivi pour abus de confiance et faux.

• Jacques Chirac a été directement et personnellement mis en cause à plusieurs reprises dans des affaires qui touchent à ses anciennes fonctions de chef du RPR et de maire de Paris (1977-1995), mais aussi cité dans l'affaire Cleastream, en tant que chef de l'Etat. Des HLM de Paris aux emplois fictifs du RPR, des "faux électeurs" aux billets d'avion payés en argent liquide, les "affaires" ont mis en lumière l'univers d'un système politique.

• Frédéric Beigbeder sera l’homme sandwich des Galeries Lafayette pour toute l’année 2008.

• Les causes de vomissement sont très nombreuses. Il s' agit d'un réflexe entraînant la contraction du cerveau associée à celle des muscles éditoriaux. Toutes les excitations, (au sens médiatique du terme) du canal lecteur dans son ensemble, sont susceptibles d'aboutir à un mécanisme vomitif provenant d'une zone spécifique du système central : le bulbe rachidien, via les nerfs blogorachidiens et pneumopathétiques.

• Poutine a lu le dernier coloriage de Le Pen. Il l'a trouvé "pâlot".

Eric le Rouge


La lecture des livres d'Eric Chevillard pourrait être comparée à une forme d'addiction. Non seulement il titille la phrase et lui pince les oreilles, mais s'il peut sous couvert d'accolade la pousser dans le fossé eh bien il n'hésite pas. Il se choisit des amis, des ennemis, peu importe, singe ou pierre, critique littéraire ou ombre de fresque, et ce qu'il leur fait subir c'est ce qu'il convient de faire subir au langage. Rendre à la phrase (à son déroulé) nos derniers hommages, tout en sachant que ce ne sont pas les derniers. C'est souvent hénaurme, au sens flaubertien (et je crois que Chevillard dort sur un tapis de Bouvard et Pécuchet, plus que sur la dépouille mescalinée de Michaux). C'est toujours salutaire. J'ai toujours eu un faible pour les livres qui changeaient ma vie (les citerai-je?), mais j'ai de plus en plus un faible persillé de forces pour les livres qui changent ma façon de viser ma cible. Les livres de Chevillard sont des manuels précis, des précis manuels. J'en lis des bouts de temps en temps pour m'inoculer les bons virus. C'est un arbalétrier qui a peint la circonférence en rouge. Quand je veux entendre des échos de ce que je suis incapable d'écrire, je pose mes griffes sur ses tumulus. Le courant passe. Une fraternité invisible m'aide à pousser par le milieu.

Deux adresses:
http://l-autofictif.over-blog.com/
http://www.eric-chevillard.net/

mercredi 21 novembre 2007

Loop One

"J'en suis, il est vrai, un naturel tout frais émoulu et je vis encore enfoncé jusqu'au cou dans l'invraisemblable dépaysement inhérent à l'état d'emménagé qui n'est qu'une réplique de la condition (celle-là, tragique), de sinistré, sur le plan de comédie où toute ce dont sang et ruine sont absents ne peut manquer de se situer." (Michel Leiris)

A quoi…


A quoi ressemble la journée d'un écrivain figurant sur la dernière liste du prix Goncourt la veille de la remise des prix?
A quoi ressemble son sourire quand il apprend que oui ?
A quoi ressemble le pénis d'un écrivain que Sarkozy décore de la Légion d'Honneur?
A quoi ressemble le foie d'un écrivain qui ne boit que de l'eau?
A quoi ressemble la raie au milieu d'un écrivain qui en croise un autre et le complimente alors qu'il le déteste?
A quoi ressemble le manuscrit d'un écrivain qui est persuadé que ses personnages ont quasiment une vie autonome ?
A quoi ressemble le bureau d'un écrivain qui vient d'accepter de faire partie d'un prix littéraire en se disant que la contrepartie est plutôt cool?
A quoi ressemble Richard Millet quand il reçoit un SMS avec des fautes?
A quoi ressemble un juré quand il s'éclipse aux chiottes et qu'il s'aperçoit que ça fait douze ans qu'il n'a pas lu une ligne de Proust?
A quoi ressemble un éditeur qui dit oui en pleurant non?
A quoi ressemble un lecteur ayant fait confiance à son dieu et ayant ouvert une merde?
A quoi ressemble un écrivain à qui on a fait tellement de compliments qu'il se demande s'il doit les croire?
A quoi ressemble le foie d'un juré ayant fini par se rendre à certains arguments?
A quoi ressemble l'éthique d'un auteur ayant signé un contrat stipulant qu'il en était l'auteur?
A quoi ressemble l'haleine d'un critique littéraire s'étant fait chié à interviewé un auteur qu'il n'a pas lu et surtout pas l'intention de lire?
A quoi ressemble un lendemain de gloire littéraire quand on apprend que le neveu de la nièce de sa sœur de son frère de sa mère de son cousin n'a pas eu le BAC ?
A quoi ressemble un photographe qui s'entend répondre par un auteur que non merci, sa gueule n'est pas indispensable?
A quoi ressemble une attachée de presse après avoir lu le livre qu'elle doit défendre ?
A quoi ressemble une page après qu'on l'a pas relue?
A quoi riment toutes ces questions?
A quoi bon àquoibonniser sur l'infra-monde littéraronaniste?
Réponse: En temps de grève, prends la pendule par les couilles et remonte-lui les heures dans le conduit vaniteux.

Nous les avons tant ****


Six mois après son départ de l'Elysée, l'ancien président Jacques Chirac a été mis en examen pour "détournement de fonds publics" dans un dossier visant la période où il était maire de Paris, de 1977 à 1995, une "première" dans l'histoire de la République française.

"Rien n'est prédéfini", a lancé M. Poutine, en brandissant la menace d'un retour aux difficultés économiques des années 1990 "tant que n'est pas mis en place un régime de pilotage automatique".

Estimant que "des lignes inacceptables ont été franchies", Nicolas Sarkozy a demandé que ces actes soient punis "avec la plus extrême sévérité".

La grand-mère paternelle de Britney Spears se seraient suicidée alors qu’elle était âgée d’une trentaine d’année, en 1966, a révélé Us Weekly.

Selon des documents découverts dans les archives du Land de Bavière, en 1933, année où il devint chancelier, le dictateur devait plus de 405 494 Reichsmarks au fisc allemand – l’équivalent actuel de 6 millions d’euros.

Blog Balade (épisode 3)


Dernière marge: Le site d'Antonio Werli. Libraire, éditeur, écrivain, hôte, etc. Un état des lieux papillonnant et personnel. Sans en faire trois tonnes, AW va à l'essentiel, vous rempile la pile et vous donne envie de lire crayon en main. On s'abonne les yeux fermés.
La Mygale Pourpre
: Aussi récente qu'arachnéenne, LMP est prêt à se coltiner tout ce qui fait plus de six cent pages et vous prend la tête. On lui en sait gré. La lance de fer lectorienne. Soyez prévenus: la morsure est grave, jouez pas les mouches innocentes…

WRIT:
Mon péché mignon. Proust y plane, des choses s'y passent, c'est une radiographie douce-amère de choses qu'on croyait étouffées par le quotidien. La sincérité a su trouver les mots pour aller au-delà.

Les carnets de Volovent:
Ça souffle que du bon là-dedans. Cinéma, revues, books. Pas la peine de se faire chier à acheter les Inrocks ou Transfuge. Lisez Volovent. Ça suffit amplement. Et en plus il sait de quoi il cause.

Food for your Thoughts:
Le big & happy bazaar. Renouveler sa diskotèk, c'est possible. Lire autre chose, aussi. Franc du collier, gouleyant, ça fuse, touche à tout. On y va, et quand on revient, on a les mains pleines.

TOBECONTINUED…


jeudi 15 novembre 2007

Yves Pagès (la non-recette)


L'art d'économiser ses lectures
Il n’est point dans le seul domaine culinaire que l’intelligente application d’une recette, l’à-propos de son exécution, simplifient cette économie ménagère dont l’utilité ne saurait se contester. De génération en génération, les traditions de nos aïeul(e)s se sont perdues, certains ersatz de la dernière guerre sont hélas passés de mode, de même les habitudes ancestrales d’accommodement des restes que l’abondance actuelle des produits manufacturés semble avoir aboli de la mémoire française.
D’où ces utiles conseils aux lecteurs épisodiques, les plus nombreux puisqu’il apparaît que pour les deux tiers de nos concitoyens des deux sexes l’acquisition annuelle d’un seul ouvrage imprimé suffit amplement à leur usage familial. Raison de plus pour traiter au mieux cet opus unique, et donc d’une précieuse rareté, cet ami domestique qui a besoin comme chien ou chat de ménagements, d’attentions et de soins, bref d’un entretien régulier qui facilitera d’autant le legs des arts et lettres à nos descendants. Parmi tous les préparatifs de lecture ayant fait leur preuve depuis l’invention de Gutenberg, nous souhaitions vous donner ici trois astuces pratiques à l’usage d’un public soucieux d’équilibrer son budget entre denrées de première nécessité et accessoires d’ameublement spirituel.
1. Cassez un oeuf et séparez le jaune que vous diluerez dans deux décilitres d’alcool à 90° avec une cuillère en bois. Imbibez-en un chiffon blanc et passez-le sur le dos et la couverture de votre livre, s’il est relié cuir. Dans le cas contraire, n’en faites rien, ajoutez plutôt une cuillerée de vinaigre à cette mixture et versez-la en entier sur vos cheveux préalablement mouillés, laissez agir ce shampooing naturel une demi-heure au moins, pendant laquelle vous pourrez vaquer à vos occupations habituelles, avant de rincer abondamment.
2. Munissez-vous d’une râpe à fromage et réduisez menu les restes de savon que vous aurez de longue date mis à sécher sur un radiateur. Feuilletez votre livre jusqu’aux pages comportant des taches de doigts, frottez avec la poudre nettoyante, puis épongez en surface et glissez des papiers buvard entre les feuilles ainsi humidifiées. A peine un coup de fer à repasser, et vous pourrez replacer l’ouvrage à l’état neuf en son rayonnage. Si votre opus n’en avait nullement besoin, versez le résidu savonneux dans un demi-verre d’huile d’olive, jusqu’à produire une pâte que vous amalgamerez à de l’encre de seiche, et laissez pénétrer ce cirage de marine dans le cuir une nuit entière avant de lustrer vos chaussures de ville avec une vieille chaussette de coton.
3. Si certaines pièces de votre logis infectent le tabac, votre livre risque de jaunir, sur la tranche principalement. Il vous suffit alors d’enduire cette tranche d’une solution obtenue en mélangeant deux blancs battus avec quelques gouttes d’eau de vie. En ayant fait mousser le tout et laissé reposer une bonne minute, vous appliquerez enfin une feuille d’or sur le fil des pages mises sous presse ou quelque lourde tare. Mais si, au prix exorbitant du métal fin, la méthode vous semble par trop dispendieuse, prêtez votre volume aussi longtemps que nécessaire à un fumeur définitivement repenti.
De même, si la couleur de vos dents laisse à désirer, et qu’il n’entre pas dans votre budget de pouvoir les redorer de la sorte, vous combattrez le mal par le mal, en effaçant leur teinte nicotinique par l’usage du dentifrice qu’ont bien connu nos soldats dans les tranchées : cette cendre froide de cigarette qui récure, même à sec, sans jamais rayer l’émail.

Blog-Tour (the suite)

Slickgomez, dit aussi Creamy and delicious: D'essence pynchonoïde, ce sphinx aux palpitations intermittentes joue les comètes de Hailey, mais quand il apparaît, c'est pour nous proposer d'étranges fulgurances. Il pourrait à lui seul retapisser tout le catalogue Lot49. Eminence grise ou fantôme? On ne sait. On se contente de one-clicker ses proies.

Ici-Bas (la guerre totale): Qui s'avance ici se perd aussitôt. On y passe pour lire la prose interlope et juste d'un certain Pacôme Thiellement. Un ovnivore.

Le blog de l'ombre: Comme le XIXè siècle a longtemps été pour moi une terre d'accueil, j'y glane des effluves de Jarry et autres… Bibliofreaks.


mercredi 14 novembre 2007

Bilan Blog


Petit état des lieux
des blogs
régulièrement
consultés…


Fabrice Colin: C'est mon juke-box. Et même si j'ai une profonde aversion pour myspace, ce titanic incoulable où tout1chakun croient être l'hami de Pit Doherty et dialoguer avec Miss Chteupompegratosse, c'est là que je cherche le mini-graal matinal. Cinq étoiles pour l'ami Fab.

Garp, on le sait, est l'agité de la toile, l'araignée qui voit tout, entend tout, répète tout. Fidèle acharné, écrivain rongé par la modestie (c'est rare), il nous offre son enthousiasme et jamais ses sarcasmes, sans lui c'est sûr il manquerait something.
Associer
Bartleby, lui, c'est la foire. Plein de good and great freaks. Un homme qui prend une phrase de Pessoa comme maximoblog ne peut pas être foncièrement mauvais. Et s'il s'illustre d'un dos de Bacon, on applaudit. C'est du sérieux, du vigilant, de l'actif.

Dash, comme son nom l'indique assez, est oblique à fond. Très kultur-pop. Mais l'oreille aux aguets. Rebondissant pas comme un. Franc du collier, certes. Plume d'acier.

Tabula Rasa: C'est un cas. C'est Prof. Sérieux. Consciencieux. Un über-lecteur. Qui ne laisse rien passer. Si j'écris un jour une merde, il m'en décrira très exactement la forme et la couleur (et en plus je dirai merci). Curieusement, le petit +, chez Mister Fausto, c'est sa fragilité. Sa proprension à l'infime fissure.

A Country for Old Men: LE trublion. Partout et à la fois. La fouine galactique. Avec en prime une belle sincérité. C'est le onzième beatles. Il en revenu mais il y retourne. Pas la langue dans sa poche, mais sur l'établi. Bouillonnant d'envies diverses et moléculaires.

Odot: bon, si vous n'avez plus d'acide sous la langue, faites-lui confiance. Avec lui vous irez dans la galaxie d'ici. Capable de sillonner d'improbable sillons (eh oui, le vynile still exists) comme de critiques épiques, il taille, essaime, explore. Plume-qui-chante, s'il était indien.

La Bruyantissime: Un drôle de volcan. Le genre à vous tutoyer tout en tripotant une charge de plutonium. Mine de rien, une belle rigueur. Cortazarien de nationalité, il touche lui aussi à tout et sans morgue.

Babel Twenty-Five: Un écorché qui recoud les peaux. Bourré de contradictions et malhérien en diabloe, il va au fond des choses et voit d'autres choses. Pynchonite aiguë. Tant mieux. Légèrement hypnotique, aussi.

N'importe quoi dans le désordre: Ah, l'encyclopédie de l'imprévisible. Une manne. Un tourbillon qui sait la vitesse d'écrire. De l'assurance. De l'aisance. Bref, tout sauf n'importe quoi mais une belle idée du désordre.

Le Festin Mue: Là on touche aux racines de l'émotion. Fraîcheur et plaie. Un rendez-vous. Un feuilleton. Et un pynchonoïde de choc.

TO BE CONTINUED…

Editions La pionnière



On m'a demandé il y a peu si l'ouvrage en question (Tout son sang brûlant) était encore disponible; la réponse est oui. Profitez-en pour jeter un œil au catalogue de cet excellent éditeur. Dominique Janvier a également publié un chouette bouquin de mon ami et collègue Brice Matthieussent (tom-tit dada!).

Sono


vendredi 9 novembre 2007

Derviche Hurleur


Le lendemain à midi, une infirmière de la clinique le trouve étendu sur son lit, un revolver à ses côtés et une règle avec laquelle il mesura méticuleusement l’endroit du cœur. Un oreiller pour amortir la détonation et un drap de caoutchouc pour éviter les taches : « J’avais armé le chien, je sentis le froid de l’acier dans ma bouche."
Un écrivain mesure l'emplacement de son cœur avec une règle graduée… Comme, avant, il écrivait. On est prié de ranger ses calculettes et de compter sur ses doigts les jours qui nous séparent de la décision. Rigaut savait ce qu'il faisait et JL Bitton sait ce qu'il dit, raconte, écrit. Les suicidés de la société ne la saluent pas.

A suivre


Découvert via sa révérence au Temps où nous chantions, de Powers, ce site vaut le tour et le détour, et si en plus vous avez une tête-de-radio, eh bien tant mieux. Il y est question de Last Days, de Bod Dylan, d'une conjuration d'imbéciles et du désormais mythique "chacalomètre"… Put your links on!

Yasser Arafat m'a regardé et m'a souri


C'est le titre d'un texte de l'écrivain libanais Yussef Bazzi qu'a traduit l'écrivain Mathias Enard (photo B/W ci-contre), Enard le trublion polyglotte vivant à Barcelone, un ami pour la vie, auteur de deux romans retournants chez Actes Sud. Grâce à lui, et aux éditions Verticales qui donnent un punch certain à ces Belles Etrangères qui ont cette année pour arbre un Cèdre à la fois fort et fragile, on pourra lire ce récit d'une enfance armée/désarmée, l'apprentissage de la conscience et l'émergence de la poésie.

«Été 1981. J’ai quatorze ans. Mahmoud al-Taqi inscrit mon nom dans le registre avant de m’accompagner au dépôt. On me remet une paire de rangers, un uniforme kaki, une ”tornade rouge” (l’insigne du Parti) à mettre sur l’épaule, une ceinture avec trois chargeurs, deux grenades et une kalachnikov, dont l’extrémité du canon – acier russe, 11 mm de diamètre – est sciée. Je suis affecté aux Forces centrales d’intervention du Parti social nationaliste syrien à Beyrouth. Le salaire est de 600 livres libanaises et un paquet de cigarettes par jour.»

Yasser Arafat m’a regardé et m’a souri est le journal d’un combattant précoce durant cinq années de guerre civile libanaise, le livre cicatriciel d’un ex-enfant-soldat. Bref récit fragmenté, à l’écriture blanche et visuelle, il entraîne le lecteur sur les talons d’un gosse qui vit d’abord la guerre comme une escapade, ce qui le conduit à éprouver la part la plus irréelle du réel. C’est aussi le texte brut et pacifié d’un poète qui s’engage dans la prose sans rien renier des puissances secrètes de sa langue.


(Traduction et postface de Mathias Énard. )

Prix Littéraires: la vérité vraie


Christophe Donner est furieux. Des magouilles lui ont barré la route à ce mini-Nobel époustouflantissime qu'est l'ultra prestigieux prix Reuhnodo. On le comprend. Ce doit être un choc, après des années d'écriture, de découvrir que le ver est dans la pomme. Un vrai traumatisme. Afin que ce genre d'effondrement cataleptique ne se produise plus, je pense qu'il est grand temps de livrer la vérité vraie sur les prix littéraires. On évitera ainsi déceptions, rages, petits fours tièdes et, qui sait, blocages littéraires. Donc donc donc the truth and nothing but the truth: "Ne sont primés que ceux qui le méritent." Voilà, c'est dit. Quant à savoir ce que signifie exactement le "mérite" dans l'esprit de ceux qui décernent des prix (souvent des primés, parfois des déprimés, jamais des brimés), eh bien je crois qu'il est inutile de vous faire un dessin. C'est pas le loto, bordel! D'ailleurs, c'est déjà plié pour le Médicis étrange. Ce sera Les Disparus. Un titre qui ne fera pas rire tout le monde.

jeudi 8 novembre 2007

Lot 49 / Parution janvier: Joanna Scott


Au milieu des années cinquante, Murray Murdoch quitte les États-Unis pour l’île d’Elbe, accompagné de sa femme et de leurs quatre enfants. Bien décidé à tirer un trait sur ses échecs professionnels, il veut se lancer dans le commerce de la tourmaline, cette pierre semi-précieuse, que « l’homme a toujours cherchée, quand il ne savait plus quoi chercher ».
Bercé par les charmes et les langueurs de la vie insulaire et des autochtones pittoresques, tel cet exilé anglais qui n’en finit pas d’écrire et de réécrire l’ouvrage « définitif » sur Napoléon à Elbe, Murdoch va finalement découvrir un autre trésor en la personne d’une jeune beauté de l’Île, Adriana, pour laquelle il ressent une étrange attirance.
Quand la jeune fille disparaît, les événements se précipitent et Murdoch devient le principal suspect, aux yeux des habitants de l’île, de ses amis, de sa propre famille.
Cinquante ans plus tard, son plus jeune fils revient sur l’île, dans l’espoir de faire la lumière sur cette affaire jamais élucidée qui a causé la perte de sa famille. (Traduction Ph. Mikriammos)


Joanna Scott est née en 1960. Tourmaline est son sixième roman.

« Avec Tourmaline, la prodigieuse Joanna Scott nous offre un récit édifiant d’une rare élégance. » Jeffrey Eugenides

« Une romancière exceptionnelle » Michael Cunningham.

« Joanna Scott est notre Michael Jordan : elle a du talent à revendre. » Nick Hornby.

Light my pipe


"N'écrit-on des livres que pour les lire, ou non point aussi pour l'usage domestique? Contre un seul qui est lu d'un couvert à l'autre, mille sont feuilletés, un autre mille demeure dans la bibliothèque, certains servent à boucher les trous de souris, d'autres encore sont lancés contre des rats, plusieurs servent d'escabeau, de tabouret, de tambour, d'assiette pour le pain d'épice, à tenir la fenêtre ouverte et d'autres, enfin, d'allume-pipe."

Georg Christoph Lichtenberg, Le Miroir de l'Âme, éd. José Corti (traduit de l'allemand par Charles Le Blanc).

mercredi 7 novembre 2007

Sauvés!


C'en est fini pour eux du cauchemar! Fini les petits métiers, les grosses galères… Terminé les heures volées au grand Kapital pour écrire, enroulé dans une couverture autour d'un braséro, à la lumière d'une chandelle… Ils vont désormais pouvoir survivre plus qu'honorablement, écrire, écrire, écrire… nous offrir toujours plus de magnifiques dictées pour les siècles des siècles… c'est désormais officiel: Amélie Nothomb et Daniel Pennac n'ont plus besoin d'Emmaüs! Couronnés par un aérophage de sages ils vont toucher le "magic" chèque qui leur permettra de continuer à récidiver dans cet art qu'ils maîtrisent au plus haut niveau. Ils en avaient bien besoin. Et puis, ce n'est pas tous les jours que les dalai-lama de l'édition dénichent de jeunes et innovents talents! On va se jeter sur leurs œuvres comme la chtouille sur une princesse au petit pois. Promis. Ah, France, enfin tu te relèves! Fière! Sereine! Tu vois! Tu entends! Et tu donnes…

mardi 6 novembre 2007

Ton chien leste…


Kuchiuk-Hanem,

par Louis Bouilhet





A Gustave Flaubert

Le Nil est large et plat comme un miroir d'acier
Les crocodiles gris plongent au bord des îles,
Et, dans le bleu du ciel, parfois un grand palmier,
Etale en parasol ses feuilles immobiles.

Les gypaëtes blancs se bercent dans les airs,
Le sable, au plein midi, fume dans les espaces,
Et les buffles trapus, au pied des buissons verts,
Dorment, fronçant leur peau sous les mouches voraces ;

C'est l'heure du soleil et du calme étouffant.
Les champs n'ont pas un cri, les cieux pas une brise ;
- Dans ta maison d'Esneh, que fais-tu maintenant,
Brune Kuchiuk-Hanem, auprès du fleuve assise ?

Le mouton qui te suit, de hénné tacheté,
Sur la natte en jouant agace ton chien leste ;
Et ta servante noire, accroupie à côté,
Croise ses bras luisants tatoués par la peste !

Le joueur de rebec dort sur son instrument...
Dans ton lit de palmier, maintenant tu reposes !
Ou sur ton escalier tu te tiens gravement,
Avec ton tarbouch large et tes pantalons roses !

L'émeraude, à ton front, allume un rayon vert,
Ta gorge s'arrondit sous une gaze fine,
Et tes cheveux, poudrés par le vent du désert,
Ont une odeur de miel et de térébenthine !

- Mais une ombre obscurcit ton regard éclatant.
Tu te sens, dans ton coeur, triste comme une veuve,
Et tu penches la tête, écoutant... écoutant
Passer le bruit lointain des canges sur le fleuve.

(in Festons et Astragales – 1859)